Tout indique que l'ouragan Irene, qui a balayé l'archipel des Bahamas, soufflera aussi sur le Québec. Le premier ouragan de la saison devrait toucher terre en Nouvelle-Angleterre dimanche, avant de se diriger vers le Québec en soirée.

Environnement Canada étudie avec attention le cyclone. Même si sa trajectoire peut encore changer, les radars indiquent pour l'instant que les régions de l'Estrie et de la Montérégie sont dans la ligne de mire de la tempête.

En touchant terre, l'ouragan perdra cependant de l'ampleur avant de devenir une forte tempête. Le sud de la province peut s'attendre à des vents violents allant de 90 à 100 km/h et des précipitations de 50 à 100 millimètres d'eau.

Le Québec est rarement balayé par des vents d'une telle force sur un aussi grand territoire, soutient René Héroux, météorologiste à Environnement Canada. «À 90 km/h et plus, ce sont des vents violents et ce sont des vents qui commencent à causer des impacts comme des arbres déracinés, des arbres cassés et des branches peuvent tomber sur des fils, ce qui entraîne des pannes de courant», prévient le météorologiste.

Hier en journée, des bourrasques de 185 km/h ont dévasté l'archipel des Bahamas. Les autorités ont recensé la mort de cinq personnes en plus de dommages matériels: toits arrachés, résidences détruites et poteaux électriques tombés sur le sol. Selon les services de sécurité locaux, 90% des résidences du village de Lovely Bay auraient été endommagées.

Irene, ouragan de catégorie 3 sur 5 sur l'échelle de Saffir-Simpson, menace d'ailleurs de prendre de l'ampleur avant de se diriger vers la Côte est des États-Unis. Six États ont déclaré l'état d'urgence, demandant aux résidants de quitter les côtes. L'ouragan devrait toucher la Caroline-du-Nord demain matin avant de se diriger vers New York, une région généralement épargnée par les ouragans. Gloria, en 1985, est le dernier à avoir frappé l'État du nord-est des États-Unis.

Michael Bloomberg, le maire de New York, n'écarte pas la possibilité d'évacuer quelques zones «relativement restreintes» de la ville de 8 millions d'habitants tout en tentant de rassurer ses citoyens: «Les grands immeubles sont conçus pour supporter des vents très violents», a-t-il dit.

Au Québec, René Héroux affirme que les gens n'ont pas besoin de barricader leurs maisons comme dans les Caraïbes. «Aux Bahamas, où les vents atteignent 185 km/h, les objets deviennent des projectiles. Tandis qu'ici, les vents atteindront 100 km/h. N'empêche qu'avec des vents de cette ampleur, les gens seraient plus avisés de sécuriser les objets dans leur cour, comme les chaises de patio. C'est sûr qu'avec des rafales de 70 ou 80 km/h, les chaises vont partir.»

La Montérégie encore touchée

Même si la rivière Richelieu est à un niveau plus haut qu'à l'habitude, il est trop tôt pour que les riverains craignent des inondations. La sécurité civile assure surveiller le cours de l'ouragan Irene tout comme Hydro Météo, une entreprise spécialisée dans la surveillance et la prévision des crues. «Ce qui va être important, c'est ce qui va tomber dans la région du lac Champlain. Pour l'instant, on prévoit des précipitations d'une centaine de millimètres d'eau, ce qui ne causerait pas de débordements, mais certainement une forte crue des eaux», explique Pierre Corbin, directeur des opérations d'Hydro Météo.

Dès demain, les autorités pourront évaluer de manière plus précise si la Montérégie sera touchée par la tempête. Dans le pire des cas, de fortes pluies continues ne feraient déborder le Richelieu que vers la fin de la semaine prochaine. Mais rien ne sert de paniquer, assure M. Corbin. «Un ouragan, c'est très imprévisible. Il peut y avoir des changements de trajectoire et une grosse marge d'erreur dans les prévisions.»