Tombée de rideau pour Claudette Carbonneau, entrée en scène de Louis Roy. Le nouveau président de la CSN, élu par acclamation hier, y est allé d'une mise en garde: si l'on n'impose pas de contraintes aux entreprises, qu'on les laisse libres de fermer quand on tente de s'y syndiquer, «il y a risque que la violence s'installe».

«Que feront les travailleurs à moyen ou long terme? Se révolter», a-t-il dit.

Il s'est montré outré du traitement réservé aux employés de Couche-Tard qui ont voulu se syndiquer. Il est inacceptable, à son avis, que les entreprises aient ces temps-ci «droit de vie ou de mort sur les employés» Car perdre son emploi, en relations du travail, «oui, c'est une condamnation à mort».

Il y a urgence de rétablir le rapport de force. «Tu ne peux pas mettre 253 personnes à la porte, continuer de publier un journal et penser qu'il n'y a pas de problème avec le rapport de force», a lancé M. Roy en référence au lock-out au Journal de Montréal, qui a fait très mal à la CSN.

Il faut donc chercher à réformer le Code du travail, non pour obtenir plus, mais pour redonner du mordant, notamment, à la loi antibriseurs de grève, mise à mal par les nouvelles technologies qui permettent le travail à distance.

Il n'est pas question par ailleurs de tenter simplement de sauver les meubles en préservant les acquis restants. Quand la santé d'une entreprise le permet, M. Roy croit qu'il ne faudra pas hésiter à réclamer des hausses de salaire, puisque cela fait trop d'années que les gens s'appauvrissent.

Que des entreprises comme AbitibiBowater, qui a fermé deux usines au Québec, demandent de la patience à leurs retraités au motif que les caisses de retraite sont à sec «puis versent des bonus de 6 millions» à leurs directeurs, «les gens n'accepteront plus cela».

Autre grande priorité de M. Roy: amener plus de femmes et de jeunes à la CSN.

Hier, il a regretté que le nouveau bureau de direction de la CSN compte cinq hommes et une seule femme. Du point de vue de l'image, ce n'est pas idéal, estime-t-il.

À 58 ans, M. Roy assure qu'il ne s'accrochera pas: il compte rester en poste trois ans, deux au mieux.

Il y a neuf mois, il avait dit à Claudette Carbonneau qu'il pourrait prendre la relève si elle partait - ce dont il doutait fortement - mais que, si elle faisait un autre mandat, il faudrait qu'ils cherchent ensemble quelqu'un pour assurer la suite des choses. «Je n'aurais pas pris la présidence à 61 ans.»