Avant d'adopter des mesures administratives plus strictes pour restreindre la conduite avec les facultés affaiblies par l'alcool, le Québec aurait grandement avantage à renforcer l'interdiction de conduire sous l'influence de stupéfiants, selon certains observateurs. «Actuellement, on ne fait strictement rien pour empêcher les gens de conduire lorsqu'ils ont consommé de la drogue», dénonce le député adéquiste Janvier Grondin.

Depuis juillet 2008, de nouvelles dispositions accordent aux policiers plus de pouvoirs pour détecter les conducteurs sous l'influence de la drogue grâce à une série de trois tests comportementaux. Lorsqu'un conducteur échoue à ces tests, il est envoyé au poste pour être soumis à une nouvelle batterie d'épreuves comportementales et, en cas de doute sérieux, une analyse d'urine.

 

Mais là où le bât blesse, c'est que, pour respecter la loi, seul un «agent évaluateur» certifié peut mener ces 12 tests. Or, les documents produits par la GRC qui permettraient de donner la formation d'agent évaluateur aux policiers québécois «tardent à être traduits en français», indique la porte-parole de l'École nationale de police de Nicolet (ENPQ), Andrée Doré. Faute de ces documents, aucun nouveau policier n'a pu être formé. Depuis 2008, le Québec doit donc se contenter d'un grand total de 12 policiers évaluateurs, qui ont été formés en Ontario et en Colombie-Britannique. Deux de ces agents travaillent à Montréal, deux à Québec, deux à Gatineau; la SQ en compte trois, et deux relèvent de l'ENPQ.

L'ENPQ compte néanmoins former une nouvelle cohorte d'une vingtaine d'agents évaluateurs dès l'automne. Les élèves suivront la formation de 10 jours en français, mais ils devront s'appuyer sur des documents en anglais. «Ils devraient être en mesure de travailler sur le terrain dès la fin de l'automne», précise la porte-parole de l'ENPQ.