Des centaines de travailleurs de la santé du secteur public ont manifesté ce midi devant les bureaux du premier ministre Jean Charest à Montréal en raison du fossé qui les séparent de la partie patronale pour le renouvellement de leur convention collective.

En fait, ce fossé est si important que les syndicats, affiliés à la CSN, songent maintenant à faire appel à un médiateur si rien ne bouge d'ici le 20 avril.

«Nous ne souhaitons pas en arriver là mais le gouvernement nous propose des reculs tellement énormes dans nos conditions de travail que nous devons nous y préparer», plaide Louis Roy, vice-président de la CSN.

Au nombre de 240 000, les travailleurs de la santé des secteurs publics et parapublics font partie du front commun de quelques 475 000 syndiqués actuellement en négociations intensives avec le gouvernement Charest. Dans d'autres secteurs, des progrès importants ont été enregistrés mais dans la santé, c'est l'impasse totale.

Louis Roy déplore les demandes patronales qui, dit-il risquent de faire reculer de 6 % le pouvoir d'achat des travailleurs. «On veut nous ramener la semaine de 40 heures, une question qui est réglée depuis longtemps. On veut calculer les heures travaillées sur une période plus longue qu'une semaine normale de travail pour nous payer le temps supplémentaire. Tout ce qu'on nous propose, ce sont des reculs énormes», déplore-t-il.

Plus tôt cette semaine, le blitz de négociations entamé entre Québec et ses employés syndiqués a été suspendu en raison de ces importantes divergences de vues existant dans le secteur névralgique de la santé. Les conventions collectives sont échues depuis le 31 mars dernier.

Ce midi, plusieurs centaines de travailleurs, drapeaux de la CSN en main, ont manifesté bruyamment devant les bureaux montréalais de Jean Charest, angle McGill et Président-Kennedy. Les dirigeants de leurs fédérations les ont harangués.

Ainsi, Francine Lévesque, présidente de la Fédération de la Santé et des Services sociaux, a déclaré que les travailleurs se retrouvaient avec une proposition de conditions «proches de l'esclavage». Michel Tremblay, de la Fédération des professionnels, a dit que la partie patronale «introduit le discours des lucides sur la productivité».

Selon Louis Roy, la médiation a l'avantage de rendre les négociations publiques. «Nous aimerions que la population sache ce que nous avons à proposer», dit-il.

Ce n'est pas avant la fin de l'été que ces employés des secteurs publics et parapublics pourraient obtenir un droit de grève. Le cas échéant, ils devraient évidemment respecter toutes les conditions établies par le Conseil des services essentiels.