S'il y avait un consensus à la première journée de la commission parlementaire sur l'itinérance, hier, c'est la nécessité d'avoir un plan à long terme pour le logement social.

«Ce n'est pas la solution à tous les maux, mais ça commence là, a dit France Labelle, directrice du Refuge des jeunes. On a réalisé qu'après six mois, il y a une amélioration globale des conditions de vie et de santé.»

 

Les auditions publiques avaient lieu à l'hôtel Gouverneur de la place Dupuis, qui s'élève à côté du parc Émilie-Gamelin, lieu fréquenté par les sans-abri. Le Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), qui demande à Québec l'adoption d'une Politique en itinérance, a profité de l'occasion pour tenir une manifestation dans le parc, hier midi.

La Ville de Montréal a été la première à se faire entendre hier matin. «Il n'y a aucun encadrement de la part du gouvernement du Québec. Il doit prendre sa responsabilité», a fait valoir Cosmo Maciocia, responsable de l'habitation au comité exécutif de la Ville de Montréal.

«La question du logement est fondamentale», a souligné Marie-Andrée Beaudoin, responsable du développement social de la famille, des aînés et des personnes à mobilité réduite. Par exemple, la Ville s'est engagée à créer 1000 chambres ou logements jusqu'en 2009. Des chambres où «les itinérants peuvent rester pour une certaine période de temps».

Pour contrer l'itinérance, la Ville estime avoir besoin annuellement de 30 millions du gouvernement provincial, dont 7 millions d'argent frais. «Nous souhaitons que certains projets pilote deviennent récurrents», justifie Mme Beaudoin.

Paul Cadieux, du Service de police de la Ville de Montréal, a souligné que le SPVM avait «des mécanismes de suivi pour les personnes itinérantes». Mais il a concédé qu'à 2h du matin, les policiers ont peu d'options face à une personne intoxiquée qui cause des problèmes. «C'est l'hôpital ou la cellule.»

Dan Bigras, porte-parole du Refuge des jeunes, a axé sa présentation sur la judiciarisation qui pèse sur les jeunes sans-abri. «Il y a une façon de sortir le jeune de la rue: c'est de le soigner. On lui donne des milliers de tickets, alors qu'il a besoin d'aide», a-t-il lancé.

Rigidité

De son côté, le Bon Dieu dans la rue - l'organisme fondé par Pops - a dénoncé la rigidité des programmes gouvernementaux en place pour favoriser le retour aux études ou l'intégration au marché du travail. Il y a peu de deuxièmes chances pour les jeunes qui se «plantent», a dit Caroline Dufour, directrice de l'intervention première ligne. «Dans la rue, la notion de succès n'est pas la même que dans une école privée de Westmount.»

En après-midi, c'était au tour d'une représentante de l'Accueil Bonneau de prendre la parole. Soeur Aurore Larkin a rappelé que beaucoup de sans-abri ont des problèmes de santé mentale. Elle a proposé la réalisation d'une «étude afin de mesurer les coûts rattachés au sous-investissement en prévention.»

Les observations du Centre d'amitié autochtone de Montréal (CAAM) et de La Rue des femmes étaient très attendues hier soir, car l'itinérance touche de plus en plus les clientèles des deux organismes.

Une ancienne sans-abri a par ailleurs livré un témoignage poignant hier midi. Lysette Perron n'a pu retenir ses larmes en racontant qu'une autre femme lui avait confié au centre de jour de la Rue des femmes qu'elle venait de se faire violer. «Il manque de lits et d'endroits pour se protéger des rues à Montréal», a-t-elle dit aux membres de la commission.

Les auditions publiques se poursuivent aujourd'hui et demain, à Montréal. Elles se transporteront ensuite à Gatineau, Québec et Trois-Rivières.