Le Forum international des transports, qui regroupe 54 pays, a attribué son prix annuel d'innovation à la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent pour la mise en place d'un système d'amarrage «mains libres», qui accélère et simplifie le passage des navires dans ses écluses.

Cette distinction de prestige, qui récompense annuellement les «innovations les plus prometteuses» dans les domaines du fret et du transport de passagers, sera officiellement présentée à la Corporation le 28 mai à l'occasion du Sommet des ministres des Transports qui s'ouvre mercredi, à Leipzig, en Allemagne.

Le système d'amarrage «mains libres» a été mis au point sur mesure pour la Voie maritime, en collaboration avec une entreprise spécialisée, Cavotec. Il permet d'immobiliser un navire engagé dans l'écluse et de le maintenir à une distance fixe des murs pendant que le niveau d'eau monte ou descend.

Normalement, les grands navires de marchandises qui franchissent les écluses de la Voie maritime doivent être amarrés manuellement à l'aide de trois ou quatre grands câbles attachés à des bollards. L'amarrage à l'aide de câbles peut prendre jusqu'à une vingtaine de minutes et peut présenter un risque de sécurité en cas de rupture, tant pour le personnel de la Voie maritime que pour les membres d'équipage.

En comparaison, l'amarrage «mains libres» est mécanisé et automatisé. Il ne prend que quelques dizaines de secondes et ne nécessite aucune manipulation, que ce soit à partir du quai ou du pont du navire. Aucun câble n'est requis.

Le système utilise des ventouses coulissant sur des rails verticaux fixés aux murs de l'écluse. Lorsqu'un navire glisse dans l'écluse, ces appareils, disposés en paires de chaque côté du navire, peuvent monter et descendre sur leur rail jusqu'à la hauteur souhaitée. Les ventouses viennent s'appuyer sur la coque du navire pour maintenir celui-ci en position fixe, sans qu'il heurte les murs, malgré les turbulences de l'eau pendant l'éclusage.

Des 15 écluses de la Voie maritime, 4 sont maintenant équipées de ce système. Selon la Corporation, il sera installé sur l'ensemble des écluses d'ici 2018, dans le cadre d'un programme d'investissements de 95 millions pour l'entretien des infrastructures de la Voie maritime.

Compétitivité

Le président et chef de la direction de la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent, Terence Bowles, s'est dit «très fier de l'esprit d'innovation qui règne parmi le personnel», et qui a permis de concevoir le système d'amarrage mains libres (AML) à partir d'une technologie réservée, jusque-là, aux installations portuaires.

M. Bowles ne peut évaluer avec précision l'impact financier que le système AML a sur les opérations de la Corporation, et précise que le gain de temps pour traverser l'écluse n'est pas considérable. On estime que lorsque toutes les écluses seront équipées de l'AML, un navire gagnera environ 90 minutes sur un parcours qui prend en moyenne 48 heures, entre Montréal et Buffalo, à l'entrée du lac Érié, dans l'État de New York.

«Pour nous, explique M. Bowles, comme pour les utilisateurs, le principal avantage du système, c'est qu'il rend le passage des écluses plus simple. Plus sécuritaire, aussi. Moins harassant pour l'équipage qui n'a pas à recommencer les manoeuvres d'amarrage à chaque écluse.»

«Le transport maritime, enchaîne-t-il, évolue aujourd'hui dans un environnement très concurrentiel. Les innovations comme celles-ci servent à nous rendre plus compétitifs» face aux concurrents que sont les ports de la côte Est des États-Unis et les autres modes de transport de marchandises, le train et les camions.

En 2014, près de 4000 navires ont transporté 40 millions de tonnes de marchandises à travers la Voie maritime du Saint-Laurent.

«On pourrait transporter le double de cela, jusqu'à 80 millions de tonnes», assure le président de la Corporation, qui sera à Leipzig, vendredi, pour cueillir le prix d'innovation du Forum international des transports.