Le projet-pilote du maire Denis Coderre de permettre à 19 bars de rester ouverts jusqu'à 6 h du matin ne fait pas l'unanimité. Si certains réclament que la mesure soit étendue à l'ensemble du centre-ville de Montréal, d'autres s'inquiètent plutôt des répercussions sur la santé publique.

Peter Sergakis, président de l'Union des tenanciers de bars du Québec et lui-même propriétaire d'une vingtaine de bars dans la métropole, se réjouit que les heures d'ouverture soient allongées, mais ne décolère pas en constatant que la plupart des tenanciers ont été écartés du projet.

« Cette mesure va amener beaucoup de touristes à Montréal, ce qui aidera le marché hôtelier, les restaurants, les taxis et bien d'autres. La ville va enfin recommencer à bouger. Sauf que limiter ce projet à 19 bars va nuire aux autres. C'est injuste », clame-t-il.

M. Sergakis propose d'étendre le projet à l'ensemble des bars de l'arrondissement Ville-Marie tout en appliquant sévèrement les règlements municipaux contre la nuisance et le bruit afin de ménager le voisinage et de prévenir les débordements.

Cette préoccupation est partagée par d'autres tenanciers, dont le propriétaire de la microbrasserie Le Saint-Bock, rue Saint-Denis, qui craint que le projet-pilote, dont il fait partie, n'entraîne une affluence quasi insoutenable à son établissement.

« Étendre le projet-pilote à tous les bars du centre-ville éviterait un afflux énorme de monde qui pourrait arriver dans la rue Saint-Denis, entre autres. Si [le Saint-Bock] était le seul et unique bar ouvert toute la nuit, on se ferait défoncer. Mais dans le projet actuel, on est 19 dans cette situation », explique Martin Guimond.

Malgré tout, le maire Denis Coderre ne songe pas pour l'instant à modifier son projet.

« Gouverner, c'est choisir. J'assume totalement. Il fallait y aller de façon ponctuelle, dans le contexte d'une étude longitudinale, une collecte de données. Quatre week-ends, c'est adéquat », a-t-il fait valoir, rappelant qu'il y aura une consultation publique à la fin du projet.

« PAS ANODIN »

Le projet-pilote suscite des interrogations chez Pierre Brisson, responsable de formations à l'Institut national de santé publique du Québec et enseignant universitaire en prévention de la toxicomanie. « Ce n'est pas un projet anodin comme la bouffe de rue, analyse-t-il. On est totalement ailleurs. »

Nuancé face à l'idée d'étendre l'accessibilité aux produits alcoolisés, cet expert croit qu'il faudrait aussi mettre en place une campagne de sensibilisation et de mesures d'atténuation pour réduire les comportements à risque.

« Je pense que l'argument que ça distinguerait Montréal est frivole. C'est comme si on disait que Montréal allait devenir Las Vegas, et qu'on ouvrait trois nouveaux casinos. Oui, ça risquerait de marcher et d'attirer une nouvelle clientèle, mais il y aurait aussi un coût social lié à cela », croit M. Brisson.

Les 12 établissements du Quartier latin

Le Bistro à Jojo, 1637 Saint-Denis

Point Bar, 2017 Saint-Denis

Café Hookah Lounge, 1699, Saint-Denis

Bar Passeport, 2037 Saint-Denis

Pub L'Île noire, 1649 Saint-Denis

Pub L'Abreuvoir, 403 Ontario Est

Loup-Garou, 1738 Saint-Denis

Bar Diablos, 1693-A Saint-Denis

En cachette, 1765, Saint-Denis

Le Saint-Bock, 1749 Saint-Denis

L'Amère à boire, 2049 Saint-Denis

Pub Quartier latin, 318, Ontario Est

 

Les sept établissements sur Crescent

Ziggy's Folies, 1470 Crescent

Burger Bar Crescent, 1465 Crescent

Bar Électric Avenue, 1476-A Crescent

Bar Seven, 1432 Crescent

Bar Winnie, Pub Winston Churchill, Cellier Karina, 1455-59-61-65A Crescent

Xotica, 1466-A Crescent

Club Extreme, 2020 Crescent