Sans contrat de travail depuis deux ans, les 132 juristes à l'emploi de la Ville de Montréal ont annoncé ce matin le déclenchement d'une grève générale illimitée le 5 mai prochain.

Ces avocats et notaires réclament essentiellement la parité avec leurs collègues du gouvernement du Québec. L'écart est de 13%, selon une évaluation du syndicat basée sur les données de 2011.

«Tout ce qu'on demande, c'est l'équité, argue Kateri Lefebvre, directrice adjointe de la section locale 571 du Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau (SEPB-Québec). Les gens sont exaspérés du piétinement des négociations.»

Selon le syndicat, un juriste montréalais au sommet de l'échelle salariale, après 15 ans, gagne 104 000$. Au gouvernement du Québec, le salaire maximal est légèrement inférieur après 13 d'expérience, soit 102 000$, mais une prime de 15 352$ est octroyée de façon quasi automatique après deux ans d'ancienneté.

Outre ce rattrapage, les juristes demandent une «reconnaissance des heures supplémentaires effectuées» et le maintien des postes actuels. 

Prêts à payer plus

L'ancien responsable des négociations avec les employés, Jean-Yves Hinse, congédié le mois dernier, avait déjà déclaré que le salaire des juristes de Montréal était «compétitif» avec celui de leurs collègues de Québec, en tenant compte de la rémunération globale. Cette affirmation est contestée par le syndicat, d'autant plus que la Ville tente de diminuer les coûts de ses régimes de retraite.

«Les juristes sont prêts à contribuer davantage à la caisse de retraite, nous sommes prêts à payer le service courant à 50-50, mais en tenant compte de la rémunération globale», dit Mme Lefebvre.  Depuis le départ de M. Hinse, «il n'y a plus personne à la tête de la Ville», indique-t-elle.

Les juristes et leur employeur sont actuellement devant un conciliateur. Ils avaient dénoncé une première fois la lenteur des négociations en déclenchant une journée de grève le 9 juillet 2013. Les avocats interviennent notamment à la Cour municipale en matière criminelle, dans des causes de violence conjugale, de toxicomanie et de harcèlement criminel. Ils sont également chargés de fournir des avis juridiques à l'administration et aux élus.

Dans le communiqué publié ce matin, la vice-présidente du syndicat, Mylène Bergeron, a rappelé que le 3 décembre dernier, le maire Denis Coderre avait reconnu que «s'il y avait une chose qui fonctionnait à Montréal, c'était le contentieux des juristes.»

«C'est bien de le dire, mais ce serait mieux si la Ville reconnaissait leur travail à sa juste valeur », réplique Mme Bergeron.

La réaction de la Ville est attendue plus tard aujourd'hui.