«Les balcons arrières s'écroulaient, c'était comme un mur de feu!»

Les traits tirés, les cheveux ébouriffés, Robert contemple, sous le choc, les ruines de son logement, rue Chambord.

Il y a quelques heures, un incendie a ravagé tout l'arrière du bâtiment dans lequel se trouve son appartement, à proximité de l'avenue Mont-Royal. Le feu s'est propagé à une dizaine de logements et a forcé l'évacuation d'une trentaine de personnes. Le sinistre a surtout ravagé les six logements d'un immeuble, où le feu aurait pris naissance.

Un geste criminel, selon le Service de police de la ville de Montréal, qui a confié l'enquête à sa section des incendies criminels. Ce nouvel incident pourrait-il porter la signature du pyromane soupçonné d'avoir sévi à quelques reprises sur le Plateau Mont-Royal au cours des derniers mois? «On n'écarte pas l'hypothèse», affirme l'agent Raphaël Bergeron du SPVM, qui veut néanmoins laisser le temps aux enquêteurs de tirer leurs propres conclusions. En août, trois incendies d'origines suspectes avaient été allumés dans le quartier en autant de semaines.

Selon le peu d'informations disponibles, le dernier en lice aurait pris naissance vers 1h30 cette nuit, dans un bac de recyclage à l'arrière du bâtiment. L'incendie s'est vite répandu dans la structure des balcons arrières et à l'intérieur des appartements.

Quelque 125 pompiers ont investi la ruelle entre Chambord et Brébeuf pour combattre les flammes vives. Le feu a vite été maîtrisé et les dégâts ont été circonscrits à l'arrière. Les traces de l'incendie sont d'ailleurs à peine visibles sur la façade du bâtiment.

Mais de la ruelle, une image vaut mille mots. Les balcons sont en cendres, les dégâts sont considérables dans la portion arrière des logements, quatre voitures garées dans le stationnement sont calcinées, sans oublier l'odeur qui vous prend au nez.

Des employés en barricadage sont déjà à pied d'oeuvre.

Quelques sinistrés, comme Robert, reviennent constater les dommages, l'air hagard. «Avez-vous retrouvé deux chats?», demande-t-il aux barricadeurs.

Robert dormait à poings fermés, lorsqu'une voisine s'est mise à tambouriner dans sa porte. «J'ai vu tout l'arrière du bâtiment tomber....», soupire le résident, estomaqué d'apprendre que le feu est d'origine criminelle.

Une autre locataire, Karelle Bramucci, a aussi été tirée abruptement du lit. «Ça criait, j'ai regardé derrière et j'ai vu les flammes. De mon balcon, c'est comme si c'était l'été à 30 degrés», raconte la jeune femme, qui s'est alors précipitée vers la sortie avec ses chats. Heureusement, personne n'a été blessé dans le feu. Un autobus de la Croix-Rouge a été dépêché sur place pour prendre les sinistrés en charge.

Locataire d'un immeuble voisin, Vincent Malo et son colocataire ont frappé aux portes des logements en proie aux flammes, pour alerter leurs occupants. «Il y avait de la grosse boucane noire, avec des tisons et des débris. On espérait que le feu ne s'étende pas à notre immeuble», souligne le jeune homme, qui a immortalisé l'incendie avec son appareil-photo.