Pour avoir notamment fait preuve d'aveuglement volontaire, un ex-contremaître d'une usine de fabrication de produits en métal de Montréal, où ont été assemblées des armes létales en 2013 et 2014, a été condamné à trois ans et demi de pénitencier hier.

Le condamné, Daniel Spain, 52 ans, a plaidé coupable à des chefs de fabrication d'armes et de dispositifs prohibés en mars 2018.

Il est un ancien contremaître de l'usine Perfection Métal, dont les propriétaires s'étaient défendus en disant qu'ils avaient fabriqué des armes de paintball.

Mais en réalité, ces prétendues armes de paintball étaient de vrais pistolets semi-automatiques, imitations des TEC-9 de l'entreprise Intratec, qui ont même été utilisés lors de meurtres et de tentatives de meurtre dans le milieu du crime organisé, entre autres, au cours des dernières années.

Peur de perdre son emploi

C'est au printemps 2014, en répondant à une alarme à la suite d'une introduction avec effraction à l'usine Perfection Métal, dans l'arrondissement de LaSalle, que la police a découvert les armes.

Selon la preuve présentée contre M. Spain, ce dernier a cru au départ fabriquer des armes de paintball, mais a commencé à avoir des doutes en novembre 2013. De crainte de perdre son emploi, il n'a rien dit jusqu'à son arrestation en avril 2014.

En cinq mois, M. Spain aurait contribué à fabriquer une cinquantaine d'armes et une quarantaine de silencieux et de chargeurs.

Parmi les facteurs atténuants, la juge Mélanie Hébert de la Cour du Québec a considéré l'absence d'antécédents judiciaires du condamné, sa reconnaissance de culpabilité, sa collaboration avec la justice (il a témoigné contre ses patrons) et ses remords.

En revanche, elle a retenu parmi les facteurs aggravants le nombre d'armes à feu produites, leurs caractéristiques, « la présence d'une opération sophistiquée, le danger auquel M. Spain a exposé la population et le rôle clé qu'il a joué ».

« Le Tribunal conclut que le degré de responsabilité de M. Spain est élevé puisqu'à compter de novembre 2013, il ne peut ignorer qu'il fabrique des armes automatiques, des chargeurs à grande capacité et des silencieux, et il ne peut ignorer l'utilité probable de ces armes », écrit la juge Hébert.

La poursuite a suggéré une peine de quatre ans et la défense, une peine à purger dans la collectivité.

L'un des propriétaires de Perfection Métal, Jean-Pierre Huot, a été condamné à sept ans de pénitencier à l'issue d'un procès devant jury alors qu'un autre, Pierre Larivière, a été acquitté.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.