Marc Laflamme-Berthelot, cet homme accusé d'être entré dans la maison de Francesco Del Balso à Laval, le 6 mai 2017, et d'avoir menacé des personnes qui s'y trouvaient, voulait vraisemblablement tuer le mafieux et semblait même vouloir l'attendre dans sa résidence, avant que l'arrivée rapide de la police ne mette fin à ses funestes projets.

C'est ce que démontre un précis des faits déposé hier au palais de justice de Saint-Jérôme, alors que Laflamme-Berthelot, 35 ans, a plaidé coupable à tous les chefs portés contre lui dans cette affaire, le matin même où devait commencer son procès. Il a reconnu sa culpabilité à des chefs d'invasion de domicile, d'avoir braqué une arme à feu, de voies de faits et menaces, ainsi qu'à d'autres chefs portés dans d'autres dossiers.

En raison d'un interdit de publication, nous ne pouvons révéler les noms des victimes dans cette affaire.

ARME DE POING

Selon le précis des faits déposé par la procureure de la poursuite, Me Amélie Joannette, Laflamme-Berthelot s'est présenté à la résidence de la rue Antoine-Forestier vers 11 h 40. Des caméras de surveillance fixées à la maison, dont une directement dans l'oeil de la sonnette, ont capté des images qui montrent que le suspect est arrivé seul, à pied, en provenance de l'est. Il est passé une première fois devant la maison, les deux mains dans les poches de son manteau, avant de revenir et de se diriger vers la porte.

Portant une cagoule et des gants, la tête couverte d'un capuchon, il a sonné à la porte. Lorsque celle-ci s'est ouverte, il a poussé violemment pour pénétrer à l'intérieur.

Il a alors braqué une arme de poing vers une femme et un jeune homme, et s'est fait menaçant. « Couchez-vous par terre, sinon je vous tire », criait-il. Il leur a demandé de mettre leur téléphone cellulaire devant eux en demandant « Yé où, Francesco ? » et en touchant leur tête avec le bout de son revolver. 

La femme et le jeune homme lui ont répondu qu'il n'était pas présent, mais le suspect a continué de demander où il était et par quelle porte il devait arriver. 

COUPS DE PIED

La femme a reçu un coup de pied dans le dos. Le jeune homme a reçu des coups de pied à la tête et a souffert d'une commotion cérébrale et d'une fracture à un doigt.

Après quelques minutes, la femme a dit qu'un autre jeune se trouvait à l'étage. Laflamme-Berthelot a demandé à ses otages de se rendre au deuxième étage en les escortant dans l'escalier pour aller chercher ce troisième occupant. 

Le suspect a ensuite ordonné aux trois personnes de s'asseoir sur le sofa du salon. Le plus jeune pleurait et hyperventilait, et Laflamme-Berthelot a ordonné à la femme de lui « fermer la gueule ». 

Il a ensuite demandé à celle-ci où se trouvait la porte arrière et il est sorti quelques secondes avant que les premiers policiers arrivent, vers 11 h 45. 

UN TÉMOIN CLÉ

Un sergent de la police dépêché sur les lieux a ensuite croisé un témoin qui lui a indiqué la direction prise par le suspect et donné un numéro de plaque de véhicule et une description de ce dernier. Le sergent a eu tôt fait de localiser la voiture suspecte, une Jetta grise, sur l'autoroute 440 Ouest. Le policier a vu le véhicule ralentir et un des occupants jeter par une fenêtre un objet noir en tissu qui paraissait lourd. Une poursuite allant jusqu'à une vitesse de 160 km/h s'est engagée, et Laflamme-Berthelot et un autre homme, qui conduisait, ont été arrêtés dans la bretelle de l'autoroute 13 Nord. 

Les vêtements de Laflamme-Berthelot et des gants retrouvés dans l'auto correspondaient à ceux de l'homme filmé par les caméras de surveillance. Dans un sac à dos noir, les policiers ont trouvé un papier avec l'adresse de Del Balso et son nom. Sur le bord de la route, ils ont retrouvé le revolver emballé dans la cagoule. 

DEL BALSO A APPELÉ LA POLICE

Les observations sur la peine à imposer à Laflamme-Berthelot auront lieu au début de l'an prochain. Sa reconnaissance de culpabilité fait en sorte que nous n'en saurons pas plus sur cette affaire. 

Rappelons qu'au matin du 6 mai 2017, Del Balso - qui était en libération conditionnelle à la suite de sa longue peine imposée dans la foulée du projet Colisée - a été avisé de la présence du suspect dans la maison par un des occupants et que c'est lui qui a appelé les policiers. Il s'est également rendu sur les lieux et a enlevé le bracelet GPS qu'il portait à la cheville.

Del Balso est retourné au pénitencier depuis qu'il a été accusé d'avoir menacé de mort le journaliste de TVA Félix Séguin, le mois dernier. 

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à renaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

Photo François Roy, archives La Presse

Francesco Del Balso, en 2007