En menaçant de faire exploser des bombes visant les étudiants musulmans de l'Université Concordia l'an dernier, Hisham Saadi a non seulement profité de la crainte que suscitent les attentats terroristes dans la population, il a également exploité un « préjugé ambiant » à l'égard des musulmans, a conclu hier la juge Mélanie Hébert en le condamnant à 18 mois de prison.

Le Montréalais de 49 ans a été reconnu coupable en juin dernier d'incitation à craindre des activités terroristes. L'étudiant en économie avait envoyé des lettres aux médias montréalais, le 1er mars 2017, dans lesquelles il menaçait de faire « exploser quotidiennement de petits engins artisanaux amateurs » aux trois étages de l'Université Concordia « où les musulmans passent leur temps ». L'Université avait été évacuée en pleine période d'examens et fouillée de fond en comble par les policiers, sans que des bombes soient trouvées.

« M. Saadi cible une institution publique d'enseignement fréquentée par de nombreuses personnes, faisant ainsi écho aux précédentes attaques commises dans des universités ou des écoles au Québec. »

- La juge Mélanie Hébert

« La menace vise un groupe particulier, les musulmans, et exploite un préjugé ambiant à leur égard, un préjugé dans l'air du temps. La menace exploite également la peur ambiante de la population à l'égard du terroriste, en référant à des engins explosifs pouvant blesser des étudiants au hasard », soutient la juge Hébert dans sa décision.

POUR ÉVITER UN EXAMEN

C'est simplement pour éviter de passer un examen pour lequel il n'avait pas étudié que Hisham Saadi est passé à l'acte ce jour-là. Son crime n'était pas « impulsif », selon la juge Mélanie Hébert. En effet, il a « méticuleusement » choisi son plan afin que la menace soit « prise au sérieux » et que son impact soit « maximum ». Il a d'ailleurs songé à déclencher l'alarme d'incendie, mais a jugé que la tactique ne serait pas assez efficace. Ainsi, en alertant les médias, il a « délibérément choisi une option visant à ameuter la population en général ».

Hisham Saadi a tenté de minimiser sa responsabilité pendant le procès en blâmant sa dépression, son stress et l'Université. Or, le Montréalais n'est « ni crédible ni fiable » et prend « constamment des libertés avec la vérité », conclut la juge en rejetant son témoignage. Il ne souffrait également pas d'une dépression au moment de commettre ces crimes, ajoute-t-elle.

La Couronne réclamait 24 mois de détention, assortis d'une probation, ou une peine de 30 mois sans probation, alors que la défense demandait une peine de prison de deux ans moins un jour dans la collectivité. En vertu des nombreux facteurs aggravants et de la quasi-absence de facteurs atténuants, la juge Hébert a condamné Hisham Saadi à 18 mois de détention, suivis d'une probation de trois ans. Il lui sera interdit de se trouver près de l'Université Concordia pendant cette période.