Le verdict est tombé hier après-midi pour les deux dirigeants de l'usine Perfection Métal, accusés de fabrication et de possession d'armes à feu prohibées : Pierre Larivière a été acquitté, tandis que Jean-Pierre Huot a été reconnu coupable de six des huit chefs qui pesaient sur lui.

Jean-Pierre Huot devra purger un minimum de trois ans de prison, après avoir été déclaré coupable de la plupart des méfaits dont il était accusé. Sa peine exacte sera déterminée prochainement, alors que la Couronne devrait se pencher sur les détails de son cas dans les jours à venir. « Il y a une peine minimale, mais il a été déclaré coupable de fabrication et de trafic d'armes, donc c'est sûr qu'on va demander plus », a déclaré le procureur de la poursuite Éric Poudrier, à sa sortie du palais de justice de Montréal hier.

Quant à l'ancien associé et coaccusé de M. Huot, Pierre Larivière, il a été reconnu par les jurés non coupable de tous les chefs qui pesaient sur lui.

Pierre Larivière, 63 ans, et Jean-Pierre Huot, 61 ans, faisaient face à six chefs d'accusation pour fabrication d'armes à feu, de silencieux et de chargeurs à grande capacité prohibés, ainsi que de possession d'armes à feu prohibées sans être titulaires des permis ni tenir les registres prescrits par la loi.

M. Huot faisait de plus face à deux chefs additionnels pour avoir cédé des armes à feu sans autorisation. Il a été acquitté de deux accusations de possession d'arme non chargée avec munitions aisément accessibles, mais déclaré coupable des six autres chefs.

« JE SUIS BIEN CONTENT »

Le jury délibérait depuis jeudi sur la culpabilité des deux hommes, au terme d'un procès d'un peu plus d'un mois présidé par la juge France Charbonneau, de la Cour supérieure. Une fois leur décision remise, « la juge a demandé l'incarcération immédiate de M. Huot, qui était en liberté depuis le début des procédures », a indiqué Me Poudrier. L'avocat de la défense de Jean-Pierre Huot, Me Robert Bellefeuille, a cependant demandé de débattre demain avec la Couronne quant à la détention de son client.

M. Larivière a pu quitter immédiatement le palais de justice, soulagé que l'issue du procès lui soit favorable. « Je suis bien content », a-t-il simplement lancé après l'annonce du verdict.

« J'y croyais depuis le début, mon client est enfin exonéré de tout. »

- Me Rodolphe Bourgeois, avocat de Pierre Larivière

Dans la nuit du 13 mars 2014, des patrouilleurs du Service de police de la Ville de Montréal s'étaient rendus à l'usine Perfection Métal, en réponse à un appel pour un système d'alarme déclenché. Sur place, ils ont d'abord constaté une introduction par effraction, puis, en inspectant les lieux, les agents ont découvert des armes, des chargeurs, des silencieux et des douilles, ainsi que des outils et des plans pour assembler les pistolets mitrailleurs.

ALIBI : PAINTBALL

Les enquêteurs de l'Escouade régionale mixte (ERM) ont été dépêchés à l'usine pour fouiller les lieux et y ont trouvé notamment des bons de livraison de fusils de paintball. Ces documents étaient un alibi pour couvrir la fabrication des armes létales.

La plupart des employés de l'usine de métal croyaient eux-mêmes assembler des pistolets destinés à tirer des balles de peinture, alors qu'il s'agissait en fait de semi-automatiques de type Tec-9. Un témoin a évalué durant le procès que l'entreprise aurait fabriqué de 50 à 60 armes à feu fonctionnelles sur une période de six à sept mois.

Le procureur de la Couronne avait indiqué qu'une vingtaine d'armes fabriquées chez Perfection Métal avaient été retrouvées à 18 endroits par les enquêteurs de l'ERM au Québec et en Ontario. En outre, La Presse a dévoilé cette semaine que certaines de ces armes avaient été utilisées dans plusieurs meurtres et tentatives de meurtre liés au crime organisé ces dernières années.

PHOTO ALEXIS AUBIN, LA PRESSE

Pierre Larivière a été acquitté de toutes les accusations qui pesaient sur lui.