Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali voulaient se marier. Ils rêvaient d'avoir des enfants. Ils venaient en aide à une femme dans le besoin.

Au procès pour terrorisme des deux Montréalais, la défense tente de changer l'image projetée jusqu'ici du jeune couple.

Vendredi, lors du contre-interrogatoire d'une analyste en renseignements de la GRC, l'avocat de El Mahdi Jamali, Me Tiago Murias, a déposé plusieurs conversations Facebook qu'a eu le jeune homme avec des amis et avec sa coaccusée. Elles le montrent sous un autre jour: celui d'un garçon respectueux de sa copine et désireux d'aider sa communauté.

Dans un échange sur le réseau social, un ami demande à Jamali s'il a eu des relations sexuelles avec Jermane, avec qui il vient alors de se fiancer.

L'autre répond que non. «On n'en a jamais parlé.»

Quand l'ami insiste, l'accusé lui demande de cesser de parler de ce sujet et le traite d'immature.

Dans la même discussion, il affirme que le mariage n'est pas pour tout de suite parce que «les parents retardent» le projet.

Dans une conversation qu'a eue le couple, la jeune femme confie à son amoureux à quel point elle a hâte d'avoir des enfants. «J'vais tellement capoter si j'ai une fille», écrit-elle.

Aider une femme

Dans une autre série d'échanges, El Mahdi Jamali discute du triste sort d'une membre de sa communauté qui semble être victime de violence de la part de son conjoint.

Il essaie, avec un ami, de lui trouver un logement à Montréal et de la nourriture sèche. «On passe le message à tout le monde», écrit Jamali.

Ailleurs, c'est Sabrine Djermane qui s'inquiète de l'état de la femme, à qui elle veut absolument parler.

Elle demande à son copain de trouver un moyen de la joindre et d'obtenir des détails sur sa situation, ce qu'il promet de faire.

Sexe et fête

Dans le box vitré qui leur est réservé, les deux accusés n'ont pu retenir leurs rires lorsque l'avocat de Sabrine Djermane, Me Charles Benmouyal, a déposé une série de conversations qu'il a qualifiées de «grivoises» et «ludiques».

Le jury a aussi souvent rigolé à la lecture des textes.

El Mahdi Jamali y envoie à sa fiancée plusieurs liens et extraits parfois comiques sur la sexualité, par exemple sur la sensibilité du clitoris, la quantité de sperme produite par l'homme, ou les bienfaits du sexe pour les maux de tête.

Ailleurs, la jeune femme confie qu'elle désire avoir «deux piercings, non quatre.» Au nez, dans le dos, à l'oreille et à la lèvre, énumère l'ex-cégépienne.

Dans une autre discussion, survenue trois mois à peine avant son arrestation, elle souligne à son copain l'importance de profiter de la vie et la chance qu'ils ont d'habiter au Canada.

«Faut profiter de la vie. Arrêter de se prendre la tête. Y a rien dans l'islam qui interdit de fêter. [...) Toi ce qui t'importe c'est le foot et moi c'est mes études et la mode. Tu vois on devrait enjoy la vie. (...) On a de la chance de vivre dans un pays libre comme le Canada.»

Le procès reprend lundi.