La vie de Pascal Leu, 44 ans, et de Yassine Chnaiti, 27 ans, s'est arrêtée brusquement dans une pétarade de coups de feu, le 2 août 2010, dans un logement de Côte-des-Neiges. Pétri de remords, l'auteur des crimes, Musset St-Cyr, a tenu à s'adresser aux familles éprouvées, hier, alors qu'il s'apprêtait à recevoir sa peine au palais de justice de Montréal.

«C'est difficile pour moi de parler, mais je voulais que les familles le sachent. Cette soirée- là, jamais, jamais, au grand jamais, je n'ai voulu blesser et encore moins tuer quelqu'un. J'espère que la sentence qui va m'être imposée aujourd'hui va au moins soulager les familles des victimes, les aider à faire leur deuil et tourner la page», a dit l'homme avec émotion.

Au terme d'un procès devant jury qui s'est conclu au milieu de l'été, M. St-Cyr, 28 ans, a été déclaré coupable du meurtre non prémédité de M. Chnaiti, de l'homicide involontaire de M. Leu et de vol qualifié. Ses coaccusés, Gabriel Georges et Samuel Jean-Baptiste, ont pour leur part été déclarés coupables de vol qualifié. Le jury a délibéré pendant 11 longues journées avant d'arriver à ces verdicts.

Trois clients

Le drame est survenu dans le logement de M. Leu, situé au 4800, boulevard Décarie.

M. Leu, qui vendait de la marijuana en assez grande quantité, a reçu trois clients, le soir du 2 août 2010, soit Musset St-Cyr, Samuel Jean-Baptiste et Gabriel Georges. Ces trois derniers ont voulu s'emparer de la drogue sans payer, mais M. Leu ne s'est pas laissé faire. Il y a eu une bagarre. St-Cyr, qui avait une arme «pour calmer la situation», a fait feu. M. Leu a été atteint d'une balle, tandis que M. Chnaiti, un client qui se trouvait malencontreusement sur place, en a reçu deux. Les trois hommes sont repartis en emportant une boîte de marijuana, mais en laissant des traces derrière. Notamment de l'ADN. Ils ont été arrêtés par la suite.

Hier, le procureur de la Couronne, David Simon, a lu des lettres douloureuses des proches des victimes, notamment des filles de M. Leu et de sa mère, Jacqueline Janis. Celle-ci aura bientôt 80 ans, et n'avait pas d'autres enfants. Lucie Rolland, ex-conjointe de M. Leu, a lu elle-même sa lettre, d'une voix tremblante.

En sortant de la salle d'audience, Mmes Janis et Rolland ont admis que les excuses de M. St-Cyr leur avaient apporté un peu de réconfort. "Ça me fatiguait de savoir ce qu'il pensait», a expliqué Mme Rolland, qui dit croire aux regrets de M. St-Cyr. "Ça fait partie du cheminement», a-t-elle dit.

M. St-Cyr écope de la prison à vie. Me Simon et l'avocate de la défense, Sonia Mastro Matteo, proposaient de fixer l'admissibilité à une libération conditionnelle à 12 ans. La juge Sophie Bourque a entériné cette proposition.

Les deux autres accusés seront de retour devant le tribunal au cours des prochaines semaines pour recevoir leur peine à leur tour.