Plus de trois ans après sa mise en accusation, la policière Nancy Lauzon a été acquittée ce matin d'une accusation d'utilisation frauduleuse d'un ordinateur du Service de police de Montréal.

«Même si Mme Lauzon a utilisé l'ordinateur de manière consciente et volontaire, le Tribunal conclut à l'existence d'un doute raisonnable sur le fait qu'elle savait que son geste était interdit au regard des fins projetées par l'usage qu'elle en a fait», a noté le juge Pierre Labrie en rendant sa décision, vendredi.

Mme Lauzon a accueilli le jugement avec des pleurs de joie, et ses proches ont applaudi.

Le 12 octobre 2007, la policière, qui était patrouilleuse dans le sud-ouest de Montréal, a vérifié la plaque d'immatriculation d'un véhicule qui se trouvait près de la maison de son père, Fernand Lauzon, à la demande de ce dernier. Or, le véhicule était utilisé par des policiers qui enquêtaient sur un réseau de trafiquants de stupéfiants auquel était lié le père de la policière.

Les actes reprochés à Mme Lauzon s'étaient produits à l'heure du dîner, au poste de quartier no 15. Nancy Lauzon a utilisé le mot de passe de sa coéquipière, en congé ce jour-là, pour interroger la Centrale de renseignement policier du Québec (CRPQ).

Durant le procès, la policière a assuré qu'elle ignorait tout des activités criminelles de son père, que ce dernier avait des craintes depuis qu'il avait été victime d'un braquage de domicile et que c'est pour cette raison qu'elle avait vérifié la plaque d'immatriculation.

L'enquête sur Fernand Lauzon a culminé deux ans plus tard, en février 2009. Dans le cadre de l'opération Axe, la police a arrêté une cinquantaine de personnes et démantelé un réseau de trafiquants formé notamment des cellules de distribution de cocaïne des frères Lavertue, des frères Zéphir et des Syndicates, un gang de rue à la solde de Gregory Woolley et des Hells Angels.

Fernand Lauzon, qui a récemment plaidé coupable à des accusations de complot et de trafic de stupéfiants, a été condamné à 16 mois de prison.

Il est très rare qu'un policier accusé d'avoir utilisé frauduleusement un ordinateur de la police soit acquitté. Mme Lauzon, qui était défendue par l'avocat Gérald Soulières, était suspendue sans solde depuis son arrestation, en septembre 2009.

«À la suite de ce jugement, il y a une décision qui sera bientôt prise quant à savoir si elle demeurera avec ce statut. Comme c'est le cas dans ce genre de situation, le dossier sera transmis à notre section des affaires internes», a indiqué à La Presse le commandant Ian Lafrenière du SPVM.