Une centaine de citoyens se sont rassemblés samedi après-midi dans le quartier Parc-Extension pour une marche de contestation spontanée antiraciste et antifasciste, après qu'un homme ait été vu brandissant un drapeau nazi durant une autre manifestation, en début de semaine.

C'est d'abord au rythme de la musique que les manifestants se sont réunis à leur point de rassemblement, près du métro Parc, aux alentours de 17 h. La marche, décrite dans un communiqué comme « résolument orientée contre le racisme et le fascisme », visait à dénoncer l'incident, mais également à contraindre le conseil d'administration du logement de l'individu à révéler l'identité de ce dernier. « C'est une question de sécurité, on veut pouvoir se sentir en sécurité dans la communauté », a expliqué Samiha Hossain, coorganisatrice de la manifestation.

À une intersection de là, rue Hutchinson, vit l'homme qui a agité un drapeau flanqué de la croix gammée, mardi, lors de la Journée internationale des travailleurs et travailleuses. Perché sur le toit de son immeuble, il n'était resté qu'un court instant à la vue des manifestants, mais a tout de même été pris en photo. Le cliché a vite fait le tour des réseaux sociaux durant la semaine, suscitant des réactions des élus de quartier et de la mairesse Valérie Plante.

Sur le coup, son geste a généré de vives réactions. «Certaines personnes ont tenté de rentrer dans l'immeuble pour confronter la personne, mais la police les en a empêchés», relate Samiha Hossain. Dès le lendemain, l'appel à descendre dans les rues a été lancé par un groupe de militants, dont Jaggi Singh, activiste ayant souvent défrayé la chronique.

Juchés sur un bloc de béton, s'adressant à la foule, les organisateurs ont rappelé que le secteur Parc-Extension est un quartier « ouvrier et immigrant ». Sous les acclamations, ils ont réitéré le caractère « inacceptable » des événements de mardi. « Il n'y a pas de place pour un tel message de haine à Parc-Extension ou à Montréal », a tonné Samiha Hossain.

« Ce geste n'est pas seulement insultant pour les juifs, mais c'est aussi un acte anti-diversité, a par la suite affirmé Arlene Zimmerman, une femme juive résidant dans le quartier. Ces symboles [la croix gammée] sont synonymes de danger. »

Une demi-heure plus tard, la marche s'est enclenchée. Les manifestants ont allongé leur itinéraire pour traverser quelques rues environnantes et se faire entendre par les résidants. « Il y a un nazi qui vit au 7080 Hutchinson », a répété Jaggi Singh dans son micro, alors que les badauds curieux s'amenaient à leurs fenêtres.

« Protégé par la police »

Sous forte présence policière, les manifestants ont marché une dizaine de minutes avant de s'arrêter devant l'immeuble où l'homme a été aperçu mardi.

Plusieurs manifestants ont défendu leur certitude que la police souhaite protéger l'individu au drapeau nazi en interdisant que son nom soit dévoilé. Les forces de l'ordre seraient actuellement en train d'enquêter sur l'homme en question, ce qui imposerait que son identité reste inconnue du public. Arrivés devant le logement, où des drapeaux du signe de la paix avaient été suspendus, les organisateurs ont longuement scandé des cris tels « Tout le monde déteste les racistes » ou « Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos ». Il a finalement été proposé que la marche se continue jusqu'au poste de police de quartier, quelques rues plus loin. La moitié des manifestants ont alors quitté le groupe.

Postés devant le poste de police 33, les militants restants ont scandé leur mécontentement face à la réaction des forces de l'ordre dans ce dossier, alors que des policiers des forces antiémeutes faisaient barrage. « La police protège mieux son propre immeuble que les citoyens du quartier », a lancé la militante Nairi Khandijan, ajoutant qu'elle trouvait inadmissible que les policiers « protègent un nazi ». La tension a monté d'un cran devant les policiers antiémeutes, mais l'ordre toutefois n'a pas été perturbé, mise à part la circulation bloquée tout au long de la marche.

De retour à leur point de départ, métro Parc, les manifestants se sont ensuite dispersés dans le même calme.