Une escorte de Vancouver arrêtée à l'aéroport Montréal-Trudeau en provenance du Rwanda avec 7,7 kg d'héroïne a été condamnée à une sévère peine de 15 ans de pénitencier. Serena Khavita Narinesingh, qui n'a cessé de mentir aux policiers, puis au jury pendant le procès, n'était pas une «simple mule naïve», a conclu le juge.

Partie de Kigali, Serena Khavita Narinesingh a posé pied à Montréal le 17 juillet 2015. Or, ses bagages ne sont arrivés que le lendemain. Entre-temps, les douaniers ont découvert de l'héroïne dissimulée dans un double fond de ses valises. À son retour à l'aéroport, la jeune femme a été arrêtée par les policiers.

Elle transportait l'équivalent de 148 000 «doses» de drogue d'une pureté moyenne, mais prêtes à être vendues dans la rue. Un magot de 2,3 millions de dollars. 

«[Elle] a importé une quantité très significative d'héroïne au Canada, d'une qualité suffisante pour causer d'importants dommages», a indiqué le juge Daniel W. Payette, dans sa décision rendue jeudi dernier. 

Narinesingh aurait reçu 20 000 $ pour son travail.

Aux enquêteurs, elle s'est d'abord présentée comme une gardienne d'enfants partie en Afrique pour rejoindre un amour rencontré sur l'internet, mais menacé de mort par l'oncle de ce dernier. À Montréal, deux hommes de main l'avaient ensuite obligée à venir chercher les valises, couteau sur la gorge, jurait-elle. Or, les deux hommes en question étaient en fait ses complices. Ce sont eux qui avaient payé pour lui acheter un «passeport propre», son téléphone et ses billets d'avion.

Contradictions

Pendant l'enquête policière et le procès, l'accusée a rendu de nombreuses «versions clairement contradictoires et divergentes» des événements, se contredisant parfois en quelques minutes pendant son témoignage devant le jury. Ces contradictions étaient si nombreuses que le juge n'a pu toutes les énumérer dans sa décision, a-t-il expliqué.

La femme de 29 ans a été reconnue coupable en juin dernier d'importation d'héroïne au Canada et de possession en vue d'en faire le trafic, au terme de son procès devant jury au palais de justice de Montréal. Le jury n'a mis que quatre heures à rendre son verdict. 

La défense demandait une peine très clémente de cinq ans, alors que Me Samuel Monfette-Tessier et Me Anne-Marie Manoukian, de la Couronne fédérale, réclamaient 17 ans de détention.

«Mme Narinesingh n'a pas démontré que sa situation constituait un de ces cas exceptionnels où une courte peine est appropriée, considérant le rôle actif qu'elle a joué dans l'opération, l'importance de la quantité d'héroïne, sa valeur dans la rue et ses motivations», soutient le juge, en contredisant presque tous les arguments de l'avocat de la défense Steve Hanafi.

Serena Khavita Narinesingh devra purger une peine de 11 ans et 1 mois. Environ quatre ans ont été déduits de sa peine en raison du temps passé en détention préventive depuis juillet 2015, calculé à temps et demi. La défense a porté en appel le verdict de culpabilité.