C'est l'une des fugitives les plus recherchées aux États-Unis depuis six ans, une trafiquante de drogue nommée Elizabeth Barrer, qui a apparemment été assassinée dans un cul-de-sac glauque de l'arrondissement de Lachine, le 19 mars dernier.

Vers 22h10 ce soir-là, la femme de 32 ans était assise dans un Nissan Rogue garé sur l'avenue Pacifique, un petit bout de rue bruyant adossé à l'autoroute 20.

Elizabeth Barrer a été abattue de plus d'une balle à la tête, dans le véhicule. Les résidants du secteur n'étaient pas certains si le claquement entendu était celui d'une arme ou d'un véhicule lourd. Une résidante a toutefois vu la femme s'affaisser dans le véhicule et un homme à la tête couverte d'un capuchon fuir en direction de l'A20.

Le meurtre a longuement laissé perplexes les enquêteurs de la division des crimes majeurs de la police de Montréal. Rares sont les femmes à tomber sous les balles d'un tueur visiblement professionnel, à la manière des gangsters.

Il a fallu aux limiers plus d'une semaine pour identifier la victime. Premièrement, le véhicule était loué sous une identité qui n'était pas celle de la femme. Puis, les pièces d'identité retrouvées sur le corps étaient fausses, ce qui a mené les enquêteurs sur une fausse piste.

Croyant avoir déjà intercepté cette femme auparavant - elle se serait identifiée comme résidante de Toronto - la police de Montréal a demandé l'assistance de ses homologues de la Ville reine. Personne à Toronto ne la connaissait.

Ce n'est que cette semaine qu'Elizabeth Barrer a finalement été identifiée.

En cavale depuis 2007

Elle serait une trafiquante de drogue de haut niveau au sud de la frontière, où elle était recherchée depuis 2007.

La femme a même figuré sur la liste des fugitifs activement recherchés sur le site web America's Most Wanted qui la considérait comme une «queenpin» du trafic de stupéfiants.

Sur le site internet, le US Marshalls Service avait diffusé une photo de la jeune femme et précisé qu'elle était recherchée pour avoir blanchi l'argent de la vente de drogue achetée à la frontière canado-américaine et en Ukraine.

D'ailleurs, selon une femme qui l'a côtoyée lors de ses années d'étude, Elizabeth Barrer était originaire de l'Europe de l'Est et parlait le russe.

C'est une enquête émanant d'un tout petit corps policier, celui du comté de Spotsylvania, au sud de Washington, en Virginie, qui a mis les activités de Barrer au jour en 2007.

Barrer et ses complices, qui ont été accusés et condamnés à de longues peines d'emprisonnement en Virginie, utilisaient notamment le réseau social MySpace, populaire à l'époque, pour discuter de la planification de leurs activités de distribution de centaines de kilos de marijuana emballée dans des sacs d'aspirateurs, rapportait alors un média local.

Les enquêteurs de Spotsylvania, qui croyaient d'abord avoir affaire à un petit réseau de revendeurs locaux, ont fini par enquêter à New York, Philadelphie et Myrtle Beach pour découvrir un important réseau de trafiquants sévissant partout sur la côte est américaine.

Elizabeth Barrer était passible d'une peine de prison à vie, si elle était arrêtée et accusée.

La police de Montréal dit ignorer ce qu'elle faisait à Montréal. S'y cachait-elle des autorités américaines depuis un certain temps? Y prévoyait-elle une importante transaction de drogue? Son meurtre est-il lié aux crimes qui lui étaient reprochés aux États-Unis?

La police américaine est aussi avare de commentaires.

«Je peux confirmer que la victime de Montréal est la même personne, visée par notre enquête de 2007. Mais je ne peux en dire plus puisque notre service, le US Marshalls Service et la police canadienne sont activement impliqués dans l'enquête, étant donné ce nouveau développement. C'est une enquête internationale», indique le capitaine Jeffery Pearce, de la police du comté de Spotsylvania.