Le recteur de l'Université Laval, Denis Brière, a exprimé sa surprise devant l'arrestation aux États-Unis d'un ancien étudiant relativement à une fausse déclaration dans le but de favoriser un acte terroriste.

L'Université Laval refuse toujours de confirmer que Ahmed Abassi était inscrit à l'institution mais les propos du recteur Brière laissent planer peu de doute sur la véracité de cette information rapportée par des médias.

D'après les renseignements disponibles, Abassi étudiait en génie chimique à l'Université Laval avant d'être arrêté aux États-Unis en avril.

Au cours d'une brève rencontre avec des reporters, M. Brière n'a pas caché le malaise que suscite la situation pour l'université.

«C'est toujours une surprise parce qu'on ne s'attend jamais à ça, a-t-il dit. Ce n'est pas quelque chose qu'on aime voir arriver dans une institution. Pour le moment, c'est mieux de ne pas faire de commentaire.»

Des accusations de fausse déclaration ont été portées contre Abassi par la justice américaine le 2 mai.

Selon le procureur général du district sud de New York, Ahmed Abassi est accusé d'avoir commis une fraude dans sa demande de visa pour demeurer aux États-Unis, dans le but de favoriser un «acte de terrorisme international».

Le département américain de la Justice soutient qu'Ahmed Abassi, qui vivait auparavant au Canada, est entré aux États-Unis à la mi-mars, et il a été arrêté le 22 avril dernier.

Aucun étudiant parmi ceux rencontrés sur le campus de l'Université Laval vendredi n'a dit connaître Abassi. Troublés par ces événements, certains d'entre eux tentaient de trouver des explications à l'affaire.

«La radicalisation vient entre autres du fait que ces personnes sont étiquetées et laissées dans un coin. Cela contribue à les radicaliser et ce n'est pas une chose souhaitable», a déclaré Marie Tardif-Drolet, étudiante en génie mécanique.

Mohamed Amine Alaoui, étudiant en génie civil, a reconnu pour sa part que ce genre d'événement peut alimenter les préjugés envers la communauté arabo-musulmane.

«C'est sûr que ce n'est pas positif pour la communauté arabo-musulmane, musulmane en général, a-t-il dit. Mais on vit avec. On essaie de donner l'exemple et de montrer qu'il y a des gens qui essaient de faire autre chose et qui essaient de s'intégrer dans la société et faire du bien.»

M. Alaoui, originaire du Maroc, a estimé que la manipulation est à l'origine de la radicalisation et non l'islam, dont il a souligné les valeurs universelles.

«L'islam comme toute autre idéologie peut être un vecteur de radicalisation et malheureusement à notre époque c'est l'islam qui est mis à l'avant-scène, a-t-il dit. Mais pour moi, comme dans toute autre idéologie, tout individu faible peut être manipulé. Mais l'islam n'est pas plus dangereux que n'importe quelle autre idéologie.»

Selon M. Alaoui, la radicalisation est aussi liée aux «profondes injustices» vécues au Moyen-Orient.

«Il ne faut pas négliger cet aspect du problème, a-t-il dit. Les États-Unis ne sont pas justes dans leur traitement des affaires. Les gens mal avisés ou trop impulsifs ont tendance à développer ce genre de réaction (radicale).»

Reste que la présence d'un présumé terroriste dans l'environnement universitaire ébranle le sentiment de sécurité des étudiants, selon Amélie Bourduge, inscrite en génie mécanique.

«On est quand même dans un environnement public, on est là pour étudier et lorsqu'on parle d'attentat terroriste, bien que je sois peu informée de l'histoire, on peut se sentir un peu moins en sécurité», a-t-elle soulevé.

Néanmoins, il faut éviter de porter des jugements hâtifs et surtout, d'associer l'ensemble de la communauté maghrébine à ce seul individu, a pris soin d'ajouter Mme Tardif-Drolet.

«C'est une mauvaise réaction que de penser que toutes les personnes musulmanes, d'origine perse ou arabe, qu'on va côtoyer sont peut-être des terroristes», a-t-elle dit.