Les techniciens laissés sur le carreau par la chute rapide d'Éric Salvail à l'automne 2017 se sont adressés à un arbitre afin de réclamer les quelque 750 000 $ auxquels ils estiment avoir droit.

Les audiences sur un grief de leur regroupement, l'Alliance québécoise des techniciens et techniciennes de l'image et du son (AQTIS), se sont ouvertes mercredi matin à Montréal devant l'arbitre Robert Côté.

« Notre prétention est que la centaine de techniciens avaient déjà reçu leur confirmation d'engagement » pour une saison supplémentaire de l'émission En mode Salvail et « ont perdu de l'emploi », a indiqué en entrevue le directeur général de l'AQTIS, Gilles Charland. « Il doit payer les sommes qui sont dues. »

La réclamation inclut 116 techniciens.

La carrière d'Éric Salvail a explosé en plein vol en octobre 2017, lorsque La Presse a levé le voile sur plusieurs allégations d'inconduites sexuelles de sa part. D'anciens collègues ou employés ont notamment relaté que M. Salvail avait exposé ses organes génitaux à quelques reprises dans ses milieux de travail, en plus de formuler des avances déplacées.

L'animateur et producteur avait rapidement affirmé qu'il n'avait « jamais eu l'intention d'indisposer quiconque », tout en reconnaissant avoir eu des « comportements problématiques » qui allaient « bien au-delà [des situations] qui sont sorties publiquement ».

Deux jours après le dévoilement du scandale, il s'était distancié de son entreprise afin de protéger « une quarantaine de professionnels et des centaines d'artistes, artisans et techniciens qui n'ont rien fait pour que leur emploi soit aujourd'hui en danger », affirmait-il.

QUI SERA TENU RESPONSABLE ?

Le débat sur le fond de l'affaire ne débutera qu'en février. Les avocats débattaient mercredi matin de la pertinence d'inclure dans les procédures l'entreprise Media Ranch, qui a racheté les actifs de Salvail & Co juste après le scandale.

Les avocates de Media Ranch ont expliqué à l'arbitre que leur cliente n'était pas concernée par ce débat, alors que l'avocat de l'AQTIS prétend le contraire.

« Au moment où les faits générateurs du grief se sont produits, il n'y avait pas de lien entre, d'une part, Salvail & Co et les autres entreprises du groupe Salvail et, d'autre part, les entreprises du groupe Media Ranch », a expliqué l'avocate de ce dernier devant l'arbitre.

Deux ex-techniciennes de l'émission En mode Salvail ont assisté à l'audience de mercredi. Elles n'ont pas voulu commenter le dossier, plaidant que cela pourrait nuire à leur carrière.