Preuve que les inconduites sexuelles commises par des médecins sont désormais punies plus sévèrement : un chirurgien plastique de Montréal vient d'être radié pour trois ans pour avoir entretenu une relation extraconjugale avec une patiente.

Le docteur Juan Carlos Cordoba - qui a reconnu sa faute professionnelle - réclamait par la voix de son avocat une peine de six mois de radiation et 1000 $ d'amende. De son côté, le syndic adjoint du Collège des médecins réclamait une peine de cinq ans de radiation et 2500 $ d'amende.

Le conseil de discipline du Collège des médecins lui a finalement imposé une radiation de trois ans et une amende de 2500 $, selon la décision rendue publique hier.

Le médecin spécialiste a eu plusieurs relations sexuelles pendant plusieurs mois, d'octobre 2015 à mars 2016, notamment à la clinique privée Aesthetica MD où il pratiquait, à Westmount.

Le Dr Cordoba a témoigné qu'il avait cédé aux avances de sa patiente et qu'il regrettait aujourd'hui ses gestes. La femme dans la trentaine, dont l'identité est protégée, a mal réagi à la rupture. La patiente - aujourd'hui suivie en psychiatrie - a d'ailleurs été arrêtée, incarcérée et accusée de harcèlement.

Lors des plaidoiries sur la sanction à imposer, le Dr Cordoba a d'ailleurs affirmé qu'«au moment où il [a posé] les gestes répréhensibles, s'il avait su qu'il risquait cinq ans de radiation, ils ne les auraient peut-être pas posés».

En effet, un changement apporté en juin dernier à un article du Code des professions rend les infractions à caractère sexuel passibles d'une peine d'au moins cinq ans et d'amendes minimales de 2500 $.

«L'intimé, comme médecin expérimenté, a profité, au détriment de ses obligations déontologiques et des valeurs qui gouvernent sa profession, d'une occasion pour avoir une aventure sexuelle avec l'une de ses patientes», écrivent les trois membres du conseil de discipline dans leur décision d'une quarantaine de pages.

«L'inégalité du rapport de pouvoir entre l'intimé et sa patiente est un facteur qui contribue significativement à la gravité du geste qu'il a posé», retiennent les membres du conseil de discipline pour lui imposer une radiation «qui se rapproche de celle prescrite par le législateur».

Le Conseil estime toutefois que le Dr Cordoba a compris et réalise la gravité de ses gestes; c'est pourquoi il a choisi de lui imposer une radiation temporaire moindre que la peine de cinq ans prescrite.

Les gestes du Dr Cordoba portent atteinte à l'honneur et à la dignité de la profession médicale, en plus de «perpétuer un comportement qui n'a plus sa raison d'être», conclut le Conseil.