Un Montréalais a déposé cette semaine une demande d'action collective contre Uber au nom de tous les clients québécois touchés par le vol de leurs renseignements personnels en 2016, un piratage informatique à l'échelle planétaire révélé seulement un an plus tard par Uber. Il réclame au moins 10 millions de dollars au géant du transport pour son « extrême négligence » et son « insouciance déréglée ».

Ce n'est qu'en novembre dernier qu'Uber a dévoilé que les renseignements personnels de 57 millions d'utilisateurs dans le monde avaient été piratés à la fin de 2016. Les voleurs informatiques ont ainsi mis la main sur les noms, adresses courriel et numéros de téléphone des utilisateurs, ainsi que les noms et numéros de permis de conduire des chauffeurs Uber. La presse internationale a alors révélé qu'Uber avait versé 100 000 $ US aux pirates pour taire le vol de données.

C'est dans ce contexte que le Montréalais Pierre-Olivier Fortier a déposé mardi à la Cour supérieure du Québec une demande d'autorisation d'action collective (anciennement recours collectif) contre Uber Canada et l'entreprise mère d'Uber aux Pays-Bas. Il réclame 10 millions de dollars, plus des dommages moraux et pécuniaires, au nom de tous les résidants du Québec inscrits à Uber et de tous les chauffeurs Uber, en date d'octobre 2016.

On reproche principalement à Uber d'avoir conservé les renseignements personnels des utilisateurs sur un serveur externe de type « Cloud » appartenant à un tiers, et ce sans aviser les utilisateurs, contrevenant ainsi à ses propres politiques de confidentialité. Il s'agit ainsi d'une « divulgation illégale et non autorisée » et d'un « mépris flagrant des droits des clients », indique-t-on dans la requête préparée par le cabinet montréalais Woods.

De plus, Uber s'est rendu « complice des criminels » qui ont volé les renseignements personnels en choisissant de leur payer 100 000 $ pour dissimuler le piratage, maintient la requête. « Uber a préféré payer aux pirates informatiques une somme de 100 000 $US afin d'éviter l'embarras qu'aurait représenté la publicité entourant son propre échec à protéger les renseignements personnels et le vol de données », dit-on dans le document.

En raison de la négligence d'Uber, les utilisateurs de l'application floués se voient « forcés d'investir du temps afin d'enquêter le vol de leurs renseignements personnels et de prendre les mesures nécessaires afin de diminuer ou contrôler les pertes risques qui y sont associés », plaide-t-on dans la requête. Le représentant de l'action collective, le comédien Pierre-Olivier Fortier, soutient qu'un « vol ou une usurpation d'identité aurait un impact néfaste important » sur sa vie et provoquerait chez lui « beaucoup d'anxiété ».

« Bien que je ne puisse commenter sur des enjeux judiciarisés, je peux vous réaffirmer que la protection de la vie privée de nos utilisateurs et de nos partenaires-chauffeurs est d'une importance capitale pour Uber », a déclaré par courriel le porte-parole d'Uber Canada, Jean-Christophe de Le Rue.