Canada Alpin admet avoir choisi de « se protéger » au lieu de protéger les victimes de l'ex-entraîneur Bertrand Charest, qui a été condamné vendredi à 12 ans de prison pour avoir agressé sexuellement de jeunes skieuses qui étaient sous sa gouverne dans les années 90.

L'organisme a été largement écorché dans l'énoncé de la peine du juge Sylvain Lépine, vendredi. Il a écrit que Canada Alpin et ses dirigeants avaient échoué lamentablement dans leurs rôles de gardiens et de protecteurs de leurs jeunes athlètes.

Le juge Lépine a ajouté qu'au moment où les parents de ces jeunes filles leur faisaient confiance, ils ont choisi de fermer leurs yeux, de ne pas croire les jeunes victimes et de cacher la vérité.

Dans une déclaration partagée aux médias, la présidente du conseil d'administration de Canada Alpin, Martha Hall Findlay, a affirmé que son organisme était « profondément désolé » d'avoir « laissé tomber » les victimes, qui n'ont pas bénéficié de son appui.

Mme Hall Findlay a par ailleurs salué « l'énorme courage » des victimes, qui ont attendu plus de 20 ans pour dénoncer leur agresseur et les a même remerciées au nom de Canada Alpin d'avoir « accepté de revivre leur douleur pour que M. Charest réponde de ses actes devant la justice ».

La présidente du C.A. a ajouté que les victimes avaient « aidé » tous les organismes sportifs du pays à « modifier leurs politiques et leurs procédures » et « surtout à opter de nouvelles attitudes à l'égard des relations entre entraîneurs et athlètes »

« Personne ne devrait plus avoir à souffrir la douleur dont ces femmes ont souffert », conclut-elle.

Bertrand Charest était accusé de 57 chefs d'accusation, notamment agression sexuelle et exploitation sexuelle, mais aussi un chef d'agression sexuelle causant des lésions corporelles.

L'accusé, qui n'a pas témoigné à son procès, a été acquitté de 18 chefs d'accusation et le juge a conclu que la Cour du Québec n'avait pas juridiction pour deux autres chefs liés à des événements qui auraient eu lieu à l'étranger.

Le juge Lépine avait qualifié Bertrand Charest de « véritable prédateur » lorsqu'il l'avait reconnu coupable, en juin, de chefs d'accusation impliquant neuf des 12 plaignantes qui l'accusaient d'avoir commis des crimes il y a une vingtaine d'années.

Plusieurs victimes de l'ex-entraîneur ont témoigné de l'impact de ses gestes, le mois dernier, l'une d'entre elles ayant déclaré à la cour que l'accusé lui avait volé son enfance et avait agi en véritable prédateur.