Comme il fallait s'y attendre, l'influent Hells Angels de la section de Montréal, Salvatore Cazzetta, a été libéré vendredi matin en attendant la suite des procédures entamées contre lui. Les avocates de Cazzetta, Me Mylène Lareau et Me Nellie Benoit, avaient présenté une requête en ce sens le 1er août dernier et la Poursuite, assurée par Me Bruno Ménard, ne s'y est pas opposée.

Le juge Daniel Royer de la Cour Supérieure, qui avait libéré Cazzetta d'un chef de gangstérisme il y a deux semaines, a donc accordé sa libération provisoire au motard, en soulignant notamment la durée de la détention préventive de l'accusé et les « changements significatifs » survenus dernièrement qui justifient sa libération et « diminuent drastiquement » la nécessité de sa détention.

Cazzetta était détenu depuis son arrestation dans l'opération majeure Magot-Mastiff, qui a décapité le crime organisé montréalais en novembre 2015. Il ne fait plus face qu'à un chef de recel. Son procès doit commencer en décembre prochain et se terminer en mars 2018. Un interdit de publication nous empêche de dévoiler la preuve recueillie contre lui.

Histoire de parrains

En attendant, le motard de 62 ans est soumis à plusieurs conditions. Les deux parties se sont entendues sur toutes, sauf une portant sur les individus qu'il aurait le droit de continuer de fréquenter, et qui a fait l'objet de courtes représentations de la part de la Poursuite et de la Défense.

En attendant son procès, Cazzetta voulait pouvoir continuer de fréquenter Anthony Battaglia et Stéphane Trudel, deux amis de longue date qui sont soit parrain de l'enfant de Cazzetta ou l'inverse. Battaglia a reçu une peine avec sursis pour possession d'arme en février 2016 tandis que Trudel, alias Ti-tos, est un ancien frère motard de Cazzetta d'abord chez les Rock Machine, puis chez les Hells Angels qu'il a toutefois quitté depuis. « M. Battaglia a un rôle à jouer dans la trame narrative de Magot-Mastiff alors que M. Trudel a de lourds antécédents judiciaires », a argué Me Ménard. À noter toutefois que ni un ni l'autre n'est accusé dans le projet Magot-Mastiff.

Après une courte délibération, le juge Royer a accepté que les deux hommes et Cazzetta se voient, mais uniquement lors des fêtes de famille, avec la permission du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).

Cazzetta, qui a suivi l'audience par vidéo comparution du Centre de détention Rivière-des-Prairies, a paru en forme et heureux de la tournure des événements. Il portait une chemise carreautée à manches courtes laissant voir ses tatouages sur les deux bras.

Ses conditions :

-Garder la paix et avoir une bonne conduite

-Demeurer à sa résidence dans Lanaudière

-Aviser de tout changement d'adresse

-Ne pas communiquer avec les coaccusés de Magot-Mastiff et avec un agent civil d'infiltration

-Ne pas communiquer avec aucun membre des Hells Angels

-Ne pas posséder d'appareil de communication de type PGP

-Ne pas posséder de téléphone cellulaire sauf pour des fins de travail à son garage et fournir le relevé mensuel des appels à un policier enquêteur

-Ne pas tenter d'obtenir un nouveau passeport

-Ne pas quitter le pays

-Ne pas se trouver avec personne qui a des antécédents judiciaires ou des causes pendantes, sauf notamment Anthony Battaglia et Stéphane Trudel à certaines conditions

-Ne pas se trouver en compagnie de consommateurs ou de vendeurs de stupéfiants

-Ne pas consommer de stupéfiants

-Ne pas se trouver dans des endroits où l'on vend des stupéfiants

-Ne pas posséder d'arme

-Ne pas fréquenter les établissements licenciés sauf pour y consommer un repas

-S'engager personnellement pour une somme supplémentaire de 20 000$

-N.G. doit s'engager pour une somme de 30 000$

-J.C. doit fournir une somme de 20 000$ et s'engager pour une somme de 30 000$