Plutôt que de subir un second procès pour les meurtres de son oncle et de sa tante, survenus en décembre 2008, dans leur duplex d'Ahuntsic, Aaron Sealy a plaidé coupable à deux accusations réduites d'homicide involontaire, en février dernier. Quand sa sentence sera prononcée, vendredi prochain, il ne lui restera plus que 90 jours de prison à purger.

Sealy, maintenant âgé de 32 ans, sera toutefois sous observation des services correctionnels pendant dix ans, puisqu'il portera l'étiquette de délinquant à contrôler. Le jeune homme qui a des problèmes mentaux et qui consommait au moment des faits, sera soumis à de strictes conditions. Dont celle de ne pas consommer de cannabis, même si le Parlement devait légaliser cette substance, peut-on lire dans la liste de ses conditions.

La peine globale, qui revient à un peu plus de 15 ans en comptabilisant de manière bonifiée la détention préventive, est une suggestion commune des avocats des deux parties. Le juge Guy Cournoyer va l'entériner, il l'a clairement fait savoir aux avocats, vendredi. S'il n'a pas imposé la sentence sur-le-champ, c'est qu'il veut tout consigner par écrit dans un jugement, pour le cheminement futur du dossier.

Particulier

Le cas de Sealy est assez particulier. Au moment des faits, il souffrait de graves problèmes mentaux, qui seraient aujourd'hui bien contrôlés par la médication. Les risques de récidive sont présents, mais de l'avis d'un expert psychiatre, il y a moyen de les assumer en société avec la surveillance qu'implique l'étiquette de délinquant à contrôler.

M. Sealy est détenu depuis son arrestation en décembre 2008. Au terme de son premier procès, en mai 2012, il avait été déclaré coupable du meurtre prémédité de sa tante, Alexandra Shaar, et non prémédité de son oncle, Ferres Alexander Shaar. Il avait écopé la prison à vie. Mais voilà, par la suite, la Cour d'appel a trouvé des erreurs de droit, et a ordonné que Sealy subisse un nouveau procès. Entrés par la suite au dossier, le procureur de la Couronne Dennis Galiatsatos et l'avocat de la défense, Martin Latour, sont arrivés à une entente pour éviter ce second procès.

Massacre

Les faits, horribles, sont survenus le 8 décembre 2008, dans le duplex que partageaient Ferres Shaar, et sa soeur, Alexandra, sur la rue Saint-Urbain. L'homme demeurait en bas, et madame en haut. Cette dernière avait accepté de prendre chez elle son neveu, Aaron Sealy. Ce dernier, alors âgé de 23 ans, avait eu des problèmes avec la loi, notamment pour des vols, et des bris de conditions. Chaque fois, il était déclaré non criminellement responsable. Il était sorti de l'Institut Philippe-Pinel depuis peu de temps, quand le drame est survenu, en décembre. L'attitude du jeune homme causait des frictions avec l'oncle. Ce dernier ne voulait pas que le jeune entre chez lui en son absence et ne voulait pas lui donner les clés du duplex.

Le 8 décembre, vers midi, M. Sealy a tué sa tante de 61 ans à coups de marteau alors qu'elle dormait dans son lit. Vers 16 h 30, l'oncle de 63 ans est revenu du travail. M. Sealy l'a poignardé à 47 reprises. Le jeune homme avait ensuite déplacé des meubles dans la maison, et avait allumé des foyers d'incendie. Ce sont des vendeurs de sapins de Noël qui, vers 8 h 45 le lendemain, ont donné l'alerte après avoir vu la fumée sortir du duplex de la rue Saint-Urbain. Le jeune homme a été arrêté quelques jours plus tard, dans une station de métro.

Le jeune Sealy a été vu et traité par plusieurs psychiatres qui cherchaient à établir un diagnostic. Il semble qu'il n'y avait pas consensus. Il a été question de schizophrénie, de problèmes de personnalité antisociale, de personnalité limite, de fragilité à faire des psychoses en situation de stress, et d'abus de drogues. Vendredi, Me Latour insistait pour que son client reste à l'établissement de Rivière-des-Prairies pour purger sa peine, car il va bien et ses médicaments lui sont correctement administrés.