En colère contre un texte d'opinion qu'il juge préjudiciable pour sa réputation, l'homme d'affaires François Lambert a envoyé lundi une mise en demeure à une internaute. L'article, intitulé «Ces maudits BS», critique la position politique de l'ancien dragon sur l'aide sociale. La blogueuse visée se dit prête à défendre son droit à la liberté d'expression devant les tribunaux.

Le 8 avril dernier, François Lambert publie sur sa page Facebook un long commentaire dans lequel il expose de nouvelles mesures draconiennes prises dans l'État du Kansas contre les prestataires de l'aide sociale. Les règles interdisent notamment aux bénéficiaires de retirer plus de 25$ par jour au guichet, de s'acheter de la lingerie, de dépenser des fonds dans les bars de danseuses et d'aller au casino. Il conclut son message par une courte opinion sur la situation au Québec.

«L'assistance sociale est une aide temporaire et devrait être justement temporaire, et même si je trouve les mesures un peu extrêmes, ça fait réfléchir. Au Québec, 59% des gens recevant de l'aide sociale n'ont pas de contrainte à l'emploi», écrit-il.

Positions dénoncées

En réponse, Bianca Longpré écrit un texte publié sur le site du Huffington Post, dans lequel elle dénonce les positions de François Lambert. Les deux personnes ont déjà travaillé ensemble et se connaissent. «Moi, je n'accepte pas que quelqu'un qui est riche puisse faire la morale à ceux qui sont dans le besoin», indique-t-elle en entrevue à La Presse. Son texte, intitulé «Ces maudits BS», portait d'abord des guillemets, selon François Lambert, ce que Mme Longpré réfute. L'homme d'affaires juge que la blogueuse l'a alors faussement cité.

«C'est une belle histoire qu'elle raconte, mais je n'ai pas à être mêlé à ça. Je n'ai pas mentionné les mots "maudits B.S"», indique-t-il au bout du fil.

Depuis la parution de l'article de Mme Longpré, qui a fait beaucoup de bruit sur le web, François Lambert dit avoir été victime d'intimidation, de menaces. Il estime que sa réputation est ternie. Il a envoyé une mise en demeure à la blogueuse, aussi productrice, pour qu'elle se rétracte. Il n'exclut pas la possibilité de la poursuivre. «"Maudit B.S.", je l'ai enlevé. [...] Mais on ne peut pas envoyer des poursuites juste parce qu'on est en désaccord», réplique Mme Longpré. Elle n'a pas l'intention de se rétracter et promet elle aussi de se battre en justice pour défendre le droit à son opinion. «Je suis prête à me défendre, peu importe où ça s'en va», dit-elle.

«Poursuivre, c'est la dernière chose que je veux faire. Je veux surtout qu'elle corrige le tir. Il y a question d'honneur et de respect de l'autre. Je n'ai pas dit ce qu'elle veut me faire dire», réplique François Lambert. Les deux personnes ont arrêté de communiquer l'un avec l'autre depuis l'envoi de la mise en demeure de M. Lambert.