En 2012, les policiers ont certes commis de rares «gestes interpellants», mais il faut se rappeler que les policiers sont des êtres humains qui ont été appelés à gérer une crise exceptionnelle, a fait valoir hier Marc Parent, directeur général du Service de police de la Ville de Montréal, devant la commission sur la crise étudiante.

Commençant par un long discours de plus de 30 minutes, Marc Parent a rappelé hier à quel point ses policiers avaient été sollicités pendant cette période. Pendant 200 jours, les policiers ont eu à gérer en moyenne 3 manifestations par jour et il est même arrivé, un certain jour d'avril, qu'il y ait jusqu'à 12 manifestations.

«Le respect des droits fondamentaux est une priorité quotidienne» et cela a été une préoccupation de tous les instants lors de la crise étudiante de 2012, a insisté M. Parent.

Seulement, «quand, jour après jour, un policier se fait pousser, insulter, pousser, cracher dessus, envoyer des objets sur lui», ou alors «quand il voit un collègue se faire blesser», il arrive qu'il perde son calme, a expliqué M. Parent.

Pour la sécurité des citoyens, et des manifestants

«On a fait notre travail et on a assuré la sécurité des citoyens et des manifestants», de poursuivre M. Parent. «Les policiers se demandent pourquoi on leur reproche d'avoir fait leur travail du mieux qu'ils le pouvaient.»

Le président de la commission, Serge Ménard, a posé plusieurs questions à M. Parent sur la technique dite d'encerclement d'une foule, qui peut, selon M. Ménard, entraîner l'arrestation de gens sans aucune intention criminelle.

«Il peut arriver que dans une situation X une personne puisse ne pas avoir vu la parade passer», a dit M. Parent, mais avec un peu de jugement, cela peut être évité, croit-il.

Avant d'avoir recours à l'encerclement d'une foule, les policiers multipliaient les avertissements et prévenaient qu'une manifestation était sur le point d'être déclarée illégale, a déclaré M. Parent.

Et que dire des conditions de détention? Pourquoi empêcher pendant des heures des manifestants arrêtés d'aller aux toilettes?

«Nous n'avons pas la prétention d'avoir été parfaits», a répondu M. Parent, mais au fil des événements, «on a amélioré l'ensemble des conditions de détention».

Entre autres choses, à partir d'un certain moment, «les toilettes chimiques nous suivaient dans nos déplacements».

Et pourquoi avoir menotté dans le dos les manifestants arrêtés? Pourquoi pas mains devant? «Pour des raisons de sécurité", a répondu M. Parent.

De peur que les manifestants ne s'agressent entre eux? a demandé Serge Ménard. Cela s'est déjà vu chez des prisonniers, a relevé M. Parent.

La question des armes utilisées a été rapidement abordée, d'autant que, comme l'a précisé Marc Parent, il était limité dans ses commentaires par le fait que divers recours judiciaires (dont un recours collectif) ont été intentés en plus de plaintes en déontologie .

La démocratie étudiante

En avant-midi, Jean Beauchesne, président-directeur général de la Fédération des cégeps, a plaidé pour qu'une loi vienne encadrer les assemblées étudiantes.

Y a-t-il réellement eu quorum? Le vote de grève a-t-il été secret? Y a-t-il eu intimidation? M. Beauchesne a souligné que rien ne le garantit à l'heure actuelle.

Mario Beauchemin, président de la Fédération des enseignants de cégep, a lui aussi revendiqué une démocratie qui s'exerce dans les règles de l'art, mais avant toutes choses, «il faudrait reconnaître juridiquement toute la légitimité du droit de grève des étudiants».

Au surplus, M. Beauchemin estime qu'une loi devrait «prévoir des voies de communication entre le gouvernement et les représentants étudiants».