(Longueuil) Un cégépien qui échangeait des textos sexuels avec un homme qui aurait agressé son ami pour le « niaiser » et le « provoquer » a fini par le massacrer à coups de marteau et de couteau. Après avoir démembré le corps de sa victime, Nicolas Côté a tenté de le jeter dans la rivière avec sa copine. La prison à vie l’attend maintenant.

Ce qu’il faut savoir

  • Nicolas Côté, 20 ans, a plaidé coupable à des chefs de meurtre au second degré, notamment, pour avoir tué Luc Lafontaine en octobre 2022.
  • Le tueur semblait vouloir venger un ami qui aurait été agressé sexuellement par la victime.
  • Nicolas Côté et sa copine ont ensuite tenté de se débarrasser du corps en le jetant dans une rivière.

Impassible dans le box des accusés, l’homme de 20 ans a plaidé coupable jeudi, au palais de justice de Longueuil, à des chefs de meurtre au second degré et d’outrage au cadavre de Luc Lafontaine. Il sera automatiquement condamné à la prison à vie. Il reste à déterminer sa période d’inadmissibilité à la libération conditionnelle.

Les circonstances de ce meurtre sortent de l’ordinaire. C’est que Nicolas Côté connaissait à peine Luc Lafontaine. Il ne l’avait même jamais vu avant de le tuer, le 22 octobre 2022, à La Prairie.

Deux semaines avant le meurtre, un ami confie à Nicolas Côté avoir été agressé sexuellement par Luc Lafontaine, alors qu’il était adolescent. Cet ami, qu’on ne peut nommer, décrit « Luc » comme un « obsédé sexuel qui aime les gars ». Notons que l’ami avait formellement refusé de porter plainte au moment des faits.

Nicolas Côté obtient le numéro de téléphone de Luc Lafontaine et amorce une correspondance avec lui. Pendant deux semaines, ils échangent une centaine de messages, tous de nature sexuelle. Nicolas Côté va même jusqu’à envoyer une photo d’un pénis trouvée sur l’internet, après que la victime lui a envoyé une photo du sien.

Son but, selon ses dires, était de « niaiser » Luc Lafontaine et de lui faire « perdre son temps ». Qu’en était-il réellement ?

Voulait-il venger son ami ? Ou encore, s’inspirer de ces « chasseurs de pédophiles » qui s’improvisent justiciers ? Ses motivations réelles demeurent floues.

Entre-temps, l’ami avait sommé Nicolas Côté de cesser d’écrire à Luc Lafontaine.

Le jour fatidique, Nicolas Côté se rend chez la victime. Le but de cette rencontre est explicite dans les messages qu’ils ont échangés. Aux policiers, le tueur dira que son objectif, en se rendant au rendez-vous, était de « niaiser, hameçonner et ultimement provoquer [Luc Lafontaine] et de le confronter aux gestes portés à l’égard de [son ami] et d’autres jeunes hommes ».

Quand Nicolas Côté arrive, Luc Lafontaine l’invite à s’asseoir près de lui et lui touche le pénis. Le cégépien se montre réticent. Toujours selon le récit de l’accusé, Luc Lafontaine lui offre de lui faire une « fellation » et le touche à nouveau. C’est alors que Nicolas Côté, « envahi par la colère », pousse la victime, empoigne un marteau sur une commode et frappe la victime à la tête à cinq reprises.

Le tueur s’empare ensuite d’un couteau dans la cuisine et revient achever Luc Lafontaine, qui était toujours en vie. Il le poignarde à 25 reprises. Le pathologiste n’a décelé aucune plaie de défense. Visiblement toujours maître de lui, l’étudiant de 19 ans démembre le corps de façon très professionnelle, nettoie la scène pendant des heures, brise le téléphone de la victime et se débarrasse de la preuve. Il envoie même des messages textes à la victime après le meurtre pour détourner les soupçons.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

C’est sur cette rampe de mise à l’eau, en bordure de la rivière Richelieu, que le corps de Luc Lafontaine a été retrouvé.

Interrogé le lendemain, Nicolas Côté affirme aux policiers ne s’être jamais rendu à ce rendez-vous. Il est relâché et pris en filature. Avec l’aide de sa nouvelle copine Zoé Boutin, Nicolas Côté installe un canot sur le toit de sa voiture et se rend à une rampe de mise à l’eau à Saint-Basile-le-Grand. Là, le couple sort les sacs contenant le corps de la victime. Le jeune homme et la jeune femme sont arrêtés à ce moment.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Zoé Boutin

Zoé Boutin, 20 ans, a plaidé coupable à un chef d’outrage à un cadavre en décembre dernier. L’audience pour déterminer sa peine est prévue en juin prochain.

La juge Lyne Décarie a ordonné la rédaction d’un rapport présentenciel pour tenter d’en savoir plus sur Nicolas Côté. Le dossier sera de retour en cour en mai prochain.

MSuzanne Hébert et MJulie Sidara-Charron représentent le ministère public. Me Rémi Quintal défend l’accusé.