Une deuxième perquisition s’est tenue jeudi dans les locaux de l’entreprise FunGuyz, qui vend illégalement des champignons hallucinogènes à Montréal. Le commerce avait rouvert ses portes quelques jours plus tôt, malgré une descente de police qui avait mené à l’arrestation de quatre personnes la semaine dernière.

La perquisition a débuté à 16 h 10 au magasin FunGuyz situé rue Ontario, à l’intersection de l’avenue Papineau, a indiqué le porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Jean-Pierre Brabant.

Cette fois, cinq personnes ont été arrêtées et deux autres endroits, en plus du magasin, ont été perquisitionnés, a indiqué le corps policier. Il s’agit d’un appartement situé au deuxième étage de la boutique et d’un autre localisé sur l’île de Montréal. Il pourrait s’agir d’endroits où la marchandise était entreposée, par exemple.

Aucune des personnes arrêtées jeudi n’avait encore été officiellement accusée, précisait-on jeudi soir, mais l’enquête se poursuit.

Plus tôt dans la journée, au passage de La Presse, deux employés s’affairaient à servir les clients. « Je suis stressé », avait lancé l’un d’entre eux, se présentant comme David Hernandez. Le jeune homme dans la vingtaine craignait de se faire arrêter à nouveau.

Il faisait partie des quatre personnes arrêtées le 11 juillet lors d’une descente policière qui s’est tenue dans les locaux de l’entreprise au premier jour de son ouverture.

Seule Feila Alichina Idrissa a toutefois été accusée. Elle fait face à un chef d’accusation de trafic de substances. La jeune femme, qui n’a pas d’antécédents criminels au Québec, avait semblé déboussolée lors de sa comparution au palais de justice de Montréal.

« On nous respecte beaucoup »

L’employé David Hernandez travaille dans le commerce depuis son ouverture. « C’est un ami d’un ami qui m’a référé. Après je suis allé sur le site internet pour voir les produits et les commentaires sur YouTube. Je trouvais ça intéressant », confie-t-il.

Son arrestation, la semaine dernière, ne l’a pas empêché de revenir travailler. Il souhaite continuer de militer pour la légalisation des champignons hallucinogènes. « Je veux légaliser les champignons. Les personnes sont tannées d’acheter dans la rue », dit-il.

Autour de lui, des sachets de champignons séchés, des gélules contenant de faibles doses de champignons et divers produits comme du chocolat et des jujubes à la psilocybine (l’ingrédient actif que l’on retrouve dans les champignons hallucinogènes) étaient déposés sur des tablettes.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Des sachets de champignons séchés, des gélules contenant de faibles doses de champignons et divers produits comme du chocolat et des jujubes à la psilocybine sont déposés sur des tablettes.

Les affiches colorées qui recouvraient l’intérieur des fenêtres lors de l’ouverture avaient laissé place à des rideaux noirs, plus discrets. Des caméras de surveillance étaient également installées à l’extérieur du magasin.

« On nous respecte beaucoup ici. À date, les clients sont tous contents que ce soit ouvert. C’est mieux avoir un magasin que l’acheter dans la rue », dit l’employé.

Une formation pour conseiller les clients

David Hernandez soutient avoir eu une formation, afin de bien conseiller les clients. « C’était environ trois ou quatre jours. On avait des feuilles pour apprendre les produits, après [le propriétaire] nous posait des questions pour s’assurer qu’on a bien compris. »

La production, la vente et la possession de champignons hallucinogènes sont illégales au Canada. Depuis janvier 2022, il est possible d’y avoir accès légalement à des fins thérapeutiques, mais l’accès est toutefois très limité.

La chaîne de magasins de champignons hallucinogènes FunGuyz, qui compte déjà 11 magasins en Ontario, souhaite tout de même s’établir à travers la province dans les prochaines semaines avec deux boutiques à Montréal, une à Laval et une à Trois-Rivières.

Avec Vincent Larin et William Thériault, La Presse