Une victime et son agresseur, face à face. Ce dialogue sur un évènement horrible et traumatisant semble impensable. Et pourtant, il se produit régulièrement dans les pénitenciers québécois, et aussi hors des murs, avec des auteurs et des victimes de crimes apparentés. Au-delà des tribunaux, cette « autre justice » peut-elle contribuer à panser des plaies ?

« Ça rend humain, de souffrir ensemble »

Nous sommes dans un pénitencier, quelque part au Canada. Trois personnes sont assises à une table. À l’extrémité, un médiateur. Face à face, une victime et son agresseur. Ces deux personnes, unies par un évènement horrible et traumatisant, se regardent les yeux dans les yeux. Elles sont si proches qu’elles pourraient se toucher la main.

La victime a pu subir un viol, une tentative de meurtre, de l’inceste : dans ce type de rencontre, la gravité du crime n’est pas un critère d’exclusion, sauf en matière de violence conjugale. Une seule chose compte : la victime et l’agresseur désirent tous deux se rencontrer. Et c’est ce qui se passera pendant les trois prochaines heures.

« L’intensité émotive de ce genre de rencontre, ça marque », dit le criminologue Serge Charbonneau, qui organise ces séances de médiation depuis près de 20 ans pour les Services correctionnels du Canada (SCC). Depuis 2004, 2600 rencontres se sont tenues dans les pénitenciers de l’ensemble du Canada, dont un peu plus de 20 par année dans les pénitenciers québécois. Et la demande, note le SCC, ne cesse de progresser au fil des ans.

Une préparation minutieuse

Ces rencontres ne s’improvisent pas. La demande initiale peut venir du détenu – la moitié des cas au Québec, les deux tiers à l’échelle canadienne – ou de la victime. « Lorsque la demande vient du détenu, on se pose deux questions : est-ce une demande constructive ? Est-ce sécuritaire sur le plan psychologique ? Si j’en arrive à la conclusion que le détenu n’est pas prêt, on reporte dans le temps. Et parfois, ça se solde par un refus », explique Serge Charbonneau.

Quel que soit le cas de figure, ces échanges sont soigneusement organisés. La préparation peut durer entre six mois et trois ans, indique M. Charbonneau. Première question : quelle forme prendra la rencontre ?

« Il y a des rencontres en face à face dans la moitié des dossiers », indique Serge Charbonneau. L’autre moitié choisit d’échanger par lettre, ou par des vidéos. Avec la victime et le détenu, le médiateur définit clairement le projet. Les sujets à aborder. La nature du message à passer.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Le cœur de la préparation, c’est : qu’est-ce que tu t’en vas faire là ? On aide les personnes à se réapproprier la compétence pour discuter des enjeux qu’elles désirent aborder.

Serge Charbonneau, criminologue

Les risques de dérapage sont présents, convient Serge Charbonneau. Mais ils sont prévenus, en bonne partie, par cette préparation presque maniaque.

Parfois, les attentes sont beaucoup trop élevées. « Le père incestueux qui dit : ‟enfin, je vais pouvoir retourner dans les partys de famille », alors que de l’autre côté, je sais qu’on n’en est pas du tout là. C’est pour ça qu’il doit parfois y avoir des arrêts dans les processus. Il y a des lumières rouges qui s’allument. »

Au jour J, les deux parties savent exactement à quoi s’attendre. L’offenseur n’est pas là pour réduire sa peine : il ne tire aucun avantage de cette rencontre. La victime veut manifester sa colère, mais aussi comprendre les motivations de son agresseur. La victime a parfois visité l’établissement carcéral au préalable. Elle s’est installée dans la salle, et puis l’offenseur est entré.

Et c’est là que l’impensable se produit : un dialogue s’installe entre la victime d’un crime et son agresseur.

La fin est parfois « hollywoodienne », dit Serge Charbonneau. « Les deux personnes peuvent se prendre dans leurs bras. Mais d’autres fois, c’est beaucoup plus modeste. Certains sont un peu déçus, il y a une distance qui s’est gardée. Et d’autres fois, certaines victimes s’en vont là pour dire : tu ne seras plus jamais dans ma vie, et je tenais à te le dire. »

D’autres initiatives au Québec

Le programme de médiation du SCC est probablement la version la plus intense des initiatives de justice réparatrice pour adultes. D’autres organismes, comme le Centre de services de justice réparatrice, ont développé des modèles qui ne réunissent pas l’auteur et la victime d’un même crime, mais de crimes apparentés. Des victimes d’agression sexuelle, par exemple, qui rencontrent des auteurs du même crime.

Ces rencontres peuvent prendre plusieurs formes. Des face-à-face entre victimes et agresseurs, mais aussi des rencontres détenus-victimes, en plus grand groupe, où plusieurs victimes et agresseurs sont présents. On convie également des personnes à titre de « membres de la communauté », qui représentent la société. Ces rencontres, qui durent plusieurs heures et se déploient sur plusieurs semaines, se déroulent parfois à l’intérieur des murs du pénitencier, et parfois dehors. Mais dans tous les cas, les auteurs de crime doivent avoir été judiciarisés, explique Estelle Drouvin, juriste de formation et coordonnatrice au CSJR. Par contre, les victimes, elles, peuvent n’avoir jamais porté plainte.

« Le forum des tribunaux est mésadapté pour créer une rencontre. Même les personnes qui portent plainte, et qui gagnent, n’ont souvent pas le sentiment que c’est réglé », souligne William Henriques, coprésident du C. A. de l’organisme, et lui-même avocat, qui s’est spécialisé en médiation.

M. Henriques a participé à plusieurs rencontres de justice réparatrice à titre de membre de la communauté.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Les participants m’ont tous chamboulé. On ne sort pas indifférent d’une telle rencontre. On met le pire et le meilleur de l’humanité dans un mélangeur.

William Henriques, coprésident du C. A. du Centre de services de justice réparatrice

Le CSJR organise ainsi des rencontres qui réunissent une quarantaine de personnes chaque année. « Ce ne sont pas de gros chiffres, dit Mme Drouvin. Mais organiser ces rencontres, c’est tellement un gros processus… » Le « pairage » entre détenus ou ex-détenus et victimes est en effet extrêmement long et délicat.

« On a souvent des personnes qui ont fait de longs processus thérapeutiques, et qui m’arrivent en disant : moi, j’ai déposé toute ma tristesse à la thérapeute. Mais la colère, elle est restée dedans. Donc parfois, ils viennent avec cet objectif-là. Si lui il ressemble à mon agresseur, peut-être qu’enfin je vais pouvoir la sortir, ma colère. »

Estelle Drouvin a elle-même été le témoin privilégié d’une telle rencontre. Une jeune femme, qui pensait bien s’être guérie de l’agression sexuelle subie il y a plusieurs années, participait à des rencontres avec des détenus condamnés pour le même crime. Hasard total : l’un d’eux ressemblait physiquement à son agresseur.

« Quand il a commencé à parler de ce qui s’était passé, toute sa colère à elle est remontée. J’étais à côté d’elle. Je le sens encore. C’est elle qui s’est mise à trembler, elle était blanche et criait. Elle a tout sorti, comme quoi c’était inadmissible, ce qu’il avait fait. »

Le détenu a été secoué. Mais la semaine suivante, la jeune femme est revenue. Elle était transformée.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Elle l’a regardé, en lui disant merci. Elle lui a dit : toute cette colère que j’avais en moi, je n’en étais même pas consciente. Ça faisait 10 ans que je la traînais. Elle lui a dit qu’à partir de la dernière rencontre, elle s’est sentie tellement libérée physiquement.

Estelle Drouvin, coordonnatrice au CSJR

De telles histoires semblent difficiles à croire, convient la psychologue Line Bernier, une précurseure de la justice réparatrice aux Services correctionnels, où elle a démarré un programme s’adressant aux pères incestueux au début des années 1990. Ces rencontres, puissantes sur le plan émotif, peuvent parfois provoquer une sorte de « catharsis », semblable à ce qui survient en thérapie lorsqu’on dénoue des questionnements importants.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La psychologue Line Bernier a démarré un programme de justice réparatrice s’adressant aux pères incestueux au début des années 1990.

« La victime n’en revient pas de voir l’agresseur vulnérable, raconte Mme Bernier. Et l’agresseur n’en revient pas de voir la victime, qu’il pensait en colère, être elle aussi vulnérable. Ils se retrouvent tous les deux avec quelqu’un qui souffre. Ça rend humain, de souffrir ensemble. Il n’y a plus un agresseur et une victime. Il y a deux personnes qui souffrent. Et c’est ça qui est réparateur. » Néanmoins, la justice réparatrice n’est « pas une panacée ».

Mais jamais ce type de processus ne doit devenir une échappatoire à la justice. « Si l’agresseur fait ça pour éviter la justice, oui, il y a un risque de dérapage. Si tu as envie de réparer, tu dois le faire gratuitement. »

« Il m’a rendu ma dignité »

« C’est extrêmement difficile d’être assis là, devant un grand gaillard de 6 pieds, qui te raconte comment il a demandé à sa nièce de 9 ans de lui faire une fellation. »

Ça a été d’autant plus difficile pour Claire F. d’entendre ce récit parce qu’elle a elle-même été cette jeune nièce à qui un oncle avait, il y a près de 50 ans, exigé des faveurs sexuelles.

En arrivant au pénitencier, en 2021, pour une rencontre organisée par le Centre de services en justice réparatrice (CSJR), Claire F. pensait que les détenus allaient chercher des excuses. Enfance difficile, maltraitance, vous voyez le genre. « J’avais l’impression que c’est là qu’on s’en allait. »

Elle a donc été complètement prise par surprise par les premiers mots de ce grand gaillard de 6 pieds, l’un des deux détenus qui participaient à la rencontre détenus-victimes.

« Il a commencé tout de suite en disant : ‟Ce que j’ai fait à ma nièce, j’en assume l’entière responsabilité. Ce n’est pas de sa faute, c’est moi qui n’avais pas le droit de poser ces gestes-là », raconte Claire F. Ce gars-là, c’est comme s’il parlait à sa nièce quand il me parlait. Et moi, c’est comme si je parlais à mon oncle. »

« Quand il a dit ça, ça m’a enlevé quatre tonnes de briques sur les épaules. C’est comme s’il m’avait rendu ma dignité, mon humanité. Je n’étais plus une espèce de trou dans lequel on entre et après, on n’a même pas besoin de s’excuser. »

Après cela, Claire F. a enfin pu regarder le détenu en face et retenir son nom.

Au départ, pour moi, c’était un monstre, tout simplement. Et à partir de là, il est devenu un être humain. Il n’y a plus un criminel et une victime, il y a juste deux êtres humains, assis un en face de l’autre, marqués par le même type d’histoire. Et lui comme moi, ce qu’on voudrait, c’est que cette histoire ne se soit jamais passée.

Claire F.

« À partir de ce moment-là, on a pu échanger comme personnes. Et ça a été parmi les plus belles conversations de ma vie », poursuit-elle.

À la fin de la rencontre, le détenu lui a serré la main. « Avec ce que tu viens de faire, en me parlant, tu m’as donné la permission de recommencer à vivre. »

Jamais la femme de 62 ans n’a pu avoir une telle discussion avec son oncle. Elle ne l’avait jamais dénoncé. Confronté en privé, il avait nié les faits. Quand elle a menacé de raconter son histoire, il l’avait accusée de vouloir briser la famille. « Tu penses vraiment qu’on va te croire ? »

Et depuis, il était mort.

Ces agressions sexuelles l’ont profondément marquée. Elle a eu du mal à poser ses limites. Elle a enchaîné les relations abusives. Toute sa vie, elle a eu du mal à faire confiance aux hommes, et aux gens en général.

« Quand ma première fille est entrée à la garderie et j’ai vu que le responsable du groupe était un homme, j’ai paniqué. J’ai demandé un changement de groupe. Je n’avais rien contre ce gars-là, mais avec mon parcours de vie, c’était impensable de lui laisser ma fille. »

Que ce soit un homme, que ce soit une femme, que ce soit des institutions, ça plonge dans une solitude immense, parce que je ne peux faire confiance à personne. C’est un peu ça que je leur ai raconté, aux détenus.

Claire F.

Des années de thérapie lui ont donné les clés pour comprendre les conséquences psychologiques de ces agressions. « Ça m’a fait énormément de bien. Mais à la fin de tout ça, il reste des questions. Pourquoi ? Et pourquoi moi ? Et il y a une culpabilité qui vient avec ça. Est-ce que j’ai fait quelque chose ? » C’est pour y répondre qu’elle s’est engagée dans ce processus de justice réparatrice.

Claire F. savait très bien à quoi s’attendre, puisqu’elle avait déjà vécu un face-à-face de justice réparatrice avec un autre criminel. Un récidiviste de l’alcool au volant, qui avait fini par faucher une famille complète. Or, la mère de Claire F. est morte alors qu’elle était jeune adolescente, dans une tragédie semblable. Son père était au volant. Leur voiture a été percutée par un homme ivre.

Son père, se sentant profondément coupable de ne pas avoir pu éviter la collision, a été plongé dans une grave dépression. Claire F. et son jeune frère ont été livrés à eux-mêmes. C’est dans ce contexte particulièrement tragique que son oncle a commencé les attouchements sexuels.

En 2019, toujours par l’entremise de rencontres organisées par le CSJR, elle rencontre le chauffard, qui est en fin de peine. Il avait fait un an et demi de prison. « Je trouvais ça indécent parce que moi, j’avais fait 40 ans de prison intérieure. » En arrivant au pénitencier, elle a la nausée. « Pour moi, c’était rencontrer un monstre. Rencontrer tout ce qu’on ne veut pas voir dans la vie. Tout ce qui fait horreur. »

Là encore, malgré tout, un dialogue s’est établi. De ces deux expériences, Claire F. dit être ressortie transformée.

« Je ne suis plus une victime. Je suis Claire. »

« Elle m’a amené à reconnaître mes motivations »

« Ça m’a vraiment saisi quand elle a dit : « Moi, depuis l’âge de 13 ans, je suis incapable de dormir dans un lit. Je dors par terre. J’ai peur de dormir dans un lit. » » Daniel D. a été d’autant plus foudroyé par ces paroles qu’il avait lui-même été, pendant trois ans, l’agresseur d’une jeune fille du même âge.

Daniel D., qui a aujourd’hui 53 ans, a agressé sexuellement sa belle-fille, de l’âge de 10 à 13 ans. Les gestes, qui relevaient des attouchements sans pénétration, survenaient tous les 15 jours. Ce n’est pas la jeune victime qui l’a dénoncé : il a fait ce que bien des psychologues qualifieraient d’acte manqué, en donnant à un collègue un document où était aussi enregistrée une conversation compromettante avec sa belle-fille. Le collègue l’a tout de suite dénoncé. Il a immédiatement admis les faits et été condamné à cinq ans d’incarcération.

Avant son procès, il échoue d’abord dans le système provincial. Les agresseurs sexuels de mineurs ne sont pas bien reçus en prison. « Je me suis fait pisser dessus. » Après sa condamnation, il est transféré dans un pénitencier, il se retrouve dans l’aile de protection. « On est encagés, on est entre nous autres. »

C’est au pénitencier qu’il entend parler pour la première fois de justice réparatrice. Il participe à des groupes sous l’égide de l’aumônerie, qui est l’un des seuls endroits où les « protects » sont bien accueillis dans les murs. Il participe à des groupes, qui reçoivent une victime d’agression sexuelle. « Ça a été un premier échange. »

À sa sortie, il se retrouve complètement seul. Les liens sont complètement coupés avec sa famille. Il a perdu son permis de pratique de la profession qu’il pratiquait avant son crime. Il recommence sa vie à zéro dans une nouvelle ville. Mais il craint l’isolement. Il s’implique donc dans un groupe, qui l’oriente vers le Centre de services de justice réparatrice. On lui propose, cette fois, un face-à-face avec une victime.

L’échange a été troublant. C’était la première fois que je retouchais vraiment à ce que j’avais fait. La victime en face de moi, ce qu’elle veut savoir, c’est : à quoi tu pensais ? Qu’est-ce que tu recherchais, quand tu faisais ça ? C’était quoi, tes motivations ?

Daniel D.

« Moi, avec ma victime, la raison, c’est que je voulais faire mal à ma femme, parce que je savais qu’elle me [trompait]. Ça a été dur, parce que c’était la première fois que je reconnaissais que ma motivation, c’était de faire mal à ma femme. »

Il prend aussi conscience du poids des séquelles qui pèsent sur les épaules des victimes. « Elle avait eu un syndrome post-traumatique, elle voyait son agresseur partout, raconte-t-il. Elle m’a aussi expliqué : « Moi, j’ai un chum, mais un chum qui me touche, qu’il ne me fasse pas ça en surprise. Ça marchera pas. » »

« Et tu ne peux pas mentir. Impossible de mentir. Elle le sait, ce que tu as fait. Tu le sais, ce que tu as fait. Je sais ce qu’elle ressentait, ce qu’elle a essayé de ne pas dire. On le sait. Tous les deux. »

Daniel D. est passé à travers le système de justice, il a fait de la prison. Un passage absolument nécessaire, croit-il. « La prison m’a permis d’arrêter d’agir. » Sauf que les services qu’on lui a donnés à l’intérieur des murs, et à sa sortie, étaient minimaux, parce que son risque de récidive était jugé faible. La justice réparatrice lui a permis d’aller beaucoup plus loin que les barreaux d’une cellule pour comprendre et assumer son crime.

Quelques années plus tard, il participe à un second exercice. Une rencontre d’ex-détenus, tous coupables de crimes sexuels intrafamiliaux, et des victimes d’inceste.

Les agresseurs parlent d’une même voix. Oui, les faits sont différents, mais la trame est pareille. Les victimes, c’est la même chose. L’abus du corps, l’abus de la confiance, la vulnérabilité… C’est la même médaille, avec deux versants. On est chacun le versant d’une médaille. Et ce qui est plate, c’est que la médaille, c’est le crime.

Daniel D.

Au fil de ces rencontres difficiles, il prend conscience de la toile de manipulation qu’il a patiemment tissée autour de sa belle-fille. Pendant des années. « J’avais créé un cocon où elle était bien. Une relation toute simple. Il y avait de la sexualité, oui, mais une relation d’abord. »

Dans l’échange avec l’une des victimes, il approfondit encore les réelles intentions derrière son crime. De l’extérieur, la relation entre lui et sa belle-fille était celle d’un beau-père dévoué et aimant. « Parce que je ressemblais au bon beau-père, ça me donnait une emprise encore plus grande, une méfiance encore plus basse de mon entourage, donc une plus grande latitude dans les gestes, raconte-t-il. Mon intention pour ma victime, c’était qu’elle devienne ma femme. Pour moi, je la partais à cet âge-là, et elle devenait ma femme pour le reste de ma vie. J’avais tordu la réalité à ce point-là. »

« J’ai pris conscience de ces intentions malsaines. »

Dans la version initiale de ce texte, nous indiquions que le Centre de services en justice réparatrice organisait 40 rencontres chaque année entre agresseurs et victimes de crimes apparentés. Ce sont plutôt 40 personnes qui participent à ces rencontres annuellement.

(Re)lisez le premier volet de notre série sur la justice réparatrice