34 suspects ont déjà été arrêtés depuis le début de l’année par le SPVM

Conflits entre groupes du crime organisé, tentatives d’extorsion, disputes entre réseaux de voleurs de véhicules et dettes embrasent Montréal en ce début d’année.

En mai seulement, en 11 jours, 16 incendies criminels ont déjà été allumés, une moyenne de 1,6 par jour.

Entre le 1er janvier et le 11 mai, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a déjà enregistré 220 incendies criminels, comparativement à 130 pour le premier trimestre de 2022.

L’an dernier, le chiffre de 220 incendies criminels avait été atteint à la fin de la première semaine de juillet ; 2023 est donc en avance d’environ huit semaines sur 2022.

« Une grosse vague d’incendies criminels déferle depuis novembre dernier à Montréal », confirme Karine Paquette, inspectrice des enquêtes spécialisées du SPVM et patronne de la section des incendies criminels.

Depuis le début de 2023, 57 commerces ont été visés, dont 11 à plus d’une reprise, et 42 incendies ont eu pour cible un ou des véhicules.

« Nos équipes, en collaboration avec les postes de quartier et nos partenaires, travaillent vraiment fort depuis le tout début pour arrêter les personnes responsables de ces incendies et, parfois, de décharges d’arme à feu », assure Mme Paquette.

Trois en trois

Depuis le début de l’année, en moins de cinq mois, 34 personnes ont été arrêtées par le SPVM pour avoir allumé des incendies, dont trois cette semaine seulement.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

L’inspectrice Karine Paquette et le lieutenant-détective Christian St-Pierre devant l’un des véhicules de la section des incendies criminels du Service de police de la Ville de Montréal

Ces trois suspects se seraient attaqués à un spa de l’arrondissement de Saint-Léonard visé à huit reprises depuis 2021, dont cinq cette année seulement, à une entreprise d’exportation de véhicules de l’arrondissement de Saint-Laurent déjà pris pour cible trois fois, et à une pizzéria de l’arrondissement de LaSalle visée deux fois cette semaine seulement, et une autre fois en 2020.

L’arrestation la plus récente est survenue pas plus tard que dans la nuit de mercredi à jeudi.

Souvent, les suspects sont des personnes vulnérables qui se sont fait offrir de la drogue ou un montant d’argent, et qui vont mettre le feu au commerce sans connaître la raison pour laquelle ils le font.

Karine Paquette, inspectrice des enquêtes spécialisées du SPVM et patronne de la section des incendies criminels

« Dans environ 15 à 20 % des cas, ils ne savent même pas où ils vont. Un chauffeur les fait descendre devant l’adresse et leur dit : « Voici le bidon, voici le briquet, va mettre le feu. » Il y a plusieurs intermédiaires entre celui qui allume le feu et le commanditaire », ajoute le lieutenant-détective Christian St-Pierre, qui n’a jamais vu une telle vague depuis qu’il s’est joint à la section des incendies criminels, en 2016.

Lutte sur plusieurs fronts

Le SPVM ne ménage pas les efforts pour arrêter les responsables.

Avec le Service de police de Laval et la Sûreté du Québec, il participe au projet Mèche déclenché l’automne dernier pour mettre fin à la vague d’incendies qui frappe des commerces de la communauté libanaise à Montréal et à Laval.

Depuis novembre dernier, 10 présumés incendiaires ont été arrêtés dans le cadre de ce projet seulement.

Les policiers du projet Arrêt, mis sur pied pour lutter contre la violence armée, de l’escouade Éclipse, spécialisée dans la surveillance des bars et la collecte de renseignements sur le crime organisé, des Équipes multidisciplinaires dédiées aux armes à feu (EMAF) et les patrouilleurs de plusieurs postes de quartier (PDQ) sont mis à contribution et surveillent les établissements à risque, souvent habillés en civil, le soir ou la nuit.

Seulement sur le territoire du PDQ 7, dans l’arrondissement de Saint-Laurent, pas moins de 500 résidants et commerçants ont été visités par la police, dans un objectif de prévention ou de collecte d’informations, en plus des opérations de visibilité.

Tout le monde s’implique à fond parce qu’on veut rassurer les citoyens. On est présent sur le terrain.

Karine Paquette, inspectrice des enquêtes spécialisées du SPVM et patronne de la section des incendies criminels

Pas de répit depuis novembre

La section des incendies criminels compte 12 membres et peine à suffire à la tâche depuis l’automne dernier.

« Nous avons effectivement de grands besoins au niveau des enquêtes, pas seulement aux incendies », admet Mme Paquette.

Elle demande aux commerçants, notamment ceux visés à plus d’une reprise, de ne pas chercher à se faire justice eux-mêmes, mais plutôt de communiquer avec la police.

Elle leur suggère également d’installer des systèmes modernes de surveillance par vidéo et un bon éclairage autour de leur commerce, et d’apposer des pellicules résistantes aux impacts sur leurs vitrines, pour limiter les dégâts des engins incendiaires.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.

Incendies criminels à Montréal

2023 : 220 (au 11 mai) – 34 arrestations

2022 : 473 – 66 arrestations

2021 : 497 – 81 arrestations

Attribuables au crime organisé

Proche et Moyen-Orient : 21 (comparativement à 4 en 2022)

Mafia : 17 (comparativement à 4 en 2022)

Motards : 0 (comparativement à 1 en 2022)

Gangs et autres : 0 (comparativement à 1 en 2022)

Source : Service de police de la Ville de Montréal