Un pasteur qui a martyrisé ses huit enfants au nom de Dieu pendant 25 ans devra rester derrière les barreaux pendant encore quelques mois. Condamné à cinq ans d’emprisonnement en mai 2021, Mario Monette continue de justifier ses crimes par des passages de la Bible.

« Vous minimisez, banalisez et justifiez les gestes reprochés envers [X]. Vos pensées et croyances demeurent rigides, et vous ne présentez pas d’empathie envers les victimes », a conclu mardi la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) en refusant d’accorder à l’homme de 67 ans une semi-liberté ou une libération conditionnelle totale.

Mario Monette et son épouse Carole Van Houtte Monette (condamnée à quatre ans de prison) ont fait vivre un véritable calvaire à leurs enfants pendant deux décennies. Dans les années 80, Mario Monette était pasteur à l’Église biblique baptiste métropolitaine Sud sur la Rive-Sud de Montréal. Dans ses sermons, il encourageait ses fidèles à corriger leurs enfants avec une « verge ».

Un climat de terreur régnait chez le pasteur. Mario Monette battait ses enfants à coups de bâton de peinture, de cuillère de bois, de baguette de store ou de ceinture. Les enfants recevaient de cinq à dix coups sur les fesses, selon leur âge, pour la moindre entorse aux strictes règles. Parfois, le bâton se brisait par la force des coups. Une fille du couple, âgée de 13 ans, a reçu 150 coups de bâton pour avoir vu un garçon en cachette.

Le fils aîné du couple, qui était l’enfant battu le plus souvent, a même été séquestré pendant des mois dans le garage de la maison. D’autres enfants étaient mis au régime de pain et d’eau dans leur chambre. Néanmoins, certains enfants, maintenant adultes continuent de prendre la défense de leur père.

Selon un rapport psychologique, Mario Monette présente un trouble de la personnalité narcissique. Son risque de récidive est considéré comme étant faible, mais s’avère plutôt « modéré », selon son intervenant en gestion de cas (EGC). Ce dernier estime que la « prudence » doit être de mise, puisque d’anciens fidèles du délinquant ont rapporté des cas de manipulation, de contrôle abusif et de menaces de damnation.

Les 18 mois passés derrière les barreaux ne semblent pas avoir transformé le pasteur déchu. Questionné par son EGC, Mario Monette s’est réfugié derrière les passages de la Bible pour expliquer ses gestes. Pendant une rencontre avec un autre intervenant, qui n’a observé « aucun progrès » chez le délinquant, Mario Monette a soutenu que son droit de croyance n’était pas respecté.

« Vous avez plus tard admis en audience que vous aviez fait une mauvaise application des enseignements bibliques, et que vous aviez été excessif », a noté la CLCC.

Néanmoins, les commissaires jugent « inquiétant » que Mario Monette n’ait amorcé aucun travail sur lui-même pendant sa détention. « Vous cherchez à protéger votre image au lieu de travailler à comprendre pourquoi vous étiez si violent pendant une si longue période », a conclu la CLCC.

Notons que Carole Van Houtte Monette profite déjà d’une libération conditionnelle.