Plus de six ans après la mort de Clémence Beaulieu-Patry, poignardée devant des clients dans un supermarché de Montréal, tout est à refaire. La Cour d’appel du Québec a ordonné lundi la tenue d’un nouveau procès pour Randy Tshilumba en raison des directives « inadéquates » de la juge.

« La Cour ne peut que constater que les directives communiquées uniquement oralement au jury étaient indûment longues, inutilement complexes, mais surtout manifestement contradictoires et préjudiciables à la position de l’appelant », a tranché le plus haut tribunal de la province.

Il y a cinq ans, Randy Tshilumba avait été reconnu coupable par un jury du meurtre au premier degré de Clémence Beaulieu-Patry, 20 ans. Le jeune homme avait été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Le jury avait rejeté sa défense de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux et avait adhéré à la thèse de préméditation de la Couronne.

Dans un supermarché Maxi du quartier Saint-Michel, Randy Tshilumba avait poignardé à de nombreuses reprises Clémence Beaulieu-Patry, une ex-camarade de classe qu’il connaissait à peine. Il s’était ensuite caché toute la nuit dans les toilettes d’un Tim Hortons. Au procès, l’accusé soutenait qu’il croyait à l’époque que la victime et ses quatre meilleures amies cherchaient à le tuer depuis des mois – ce qui était faux. La défense avait plaidé le « délire » commis par un « cerveau malade ».

La Cour d’appel reproche particulièrement à la juge de la Cour supérieure Hélène Di Salvo d’avoir commis des erreurs dans ses directives au jury à la fin du procès. Ces directives doivent en principe « clarifier et simplifier » la tâche du jury en vue de leurs délibérations. Or, celles de la juge étaient trop longues et confuses pour les jurés.

De plus, la juge Di Salvo a fait l’erreur de dire au jury que le comportement de l’accusé après le meurtre n’avait aucune valeur probante pour déterminer sa culpabilité, sauf pour un élément de preuve. Cela a eu pour effet d’« embrouiller l’enjeu fondamental du procès », soit la prise en compte des troubles mentaux de l’accusé, selon la Cour d’appel.