Les autorités estiment que Marc-André Grenon, déjà accusé d’avoir agressé sexuellement puis tué Guylaine Potvin il y a 22 ans à Saguenay et violé une autre jeune femme à Québec la même année, pourrait avoir fait d’autres victimes « mineures ou adultes ». Une unité d’enquête sur les crimes en série a été déployée.

C’est ce qu’a annoncé vendredi matin la Sûreté du Québec dans un communiqué, en confirmant notamment que « l’enquête tend à démontrer que le suspect aurait pu faire d’autres victimes mineures ou adultes ».

Âgé de 47 ans, Marc-André Grenon, de Granby, avait comparu jeudi aux palais de justice de Québec et de Chicoutimi depuis un poste de la SQ de Saint-Hyacinthe, où il est détenu. Son retour devant la Cour est prévu le 21 novembre par visioconférence, tant pour le dossier de Québec que de Chicoutimi.

Il avait initialement été arrêté mercredi pour des crimes datant d’il y a 22 ans. La police le soupçonne d’avoir tué et agressé sexuellement Guylaine Potvin, une étudiante de 19 ans retrouvée morte dans son logement de Jonquière, le 28 avril 2000. À l’époque, Mme Potvin cohabitait avec deux copines, aussi étudiantes, qui étaient absentes la nuit des évènements.

Grenon est aussi soupçonné d’avoir agressé sexuellement puis étranglé une autre jeune victime, dont l’identité est protégée par le tribunal, en juillet 2000 à Sainte-Foy. Cette dernière, qui a été « laissée pour morte » selon les mots de la police, a survécu à la tentative de meurtre et est parvenue à appeler le 911.

Une unité d’enquête unifiée

Puisque « plusieurs victimes ont été identifiées », la SQ a annoncé vendredi la mise en vigueur de sa structure de gestion des enquêtes sur les crimes en série (GECS). « Quand on a plusieurs victimes identifiées avec le même suspect, cette structure-là permet d’unir plusieurs services de police québécois qui travaillent en collaboration pour identifier rapidement les crimes commis par les prédateurs », a expliqué l’agente Béatrice Dorsainville, porte-parole de la SQ.

La GECS permettra ainsi une « mise en commun des ressources policières » et plus d’efficacité sur le terrain, a enchaîné Mme Dorsainville.

D’ailleurs, le corps policier a publié vendredi quatre photos de Marc-André Grenon à différentes époques de sa vie, entre 1994 et 2019. Les enquêteurs souhaitent ainsi appeler toute victime qui le reconnaîtrait à se manifester aux forces de l’ordre dès que possible.

PHOTOS FOURNIES PAR LA SQ

La SQ a publié vendredi quatre photos de Marc-André Grenon à différentes époques de sa vie, entre 1994 et 2019.

« On parle d’une enquête qui est demeurée active pendant plus de 20 ans. Vous êtes capables de faire un calcul très rapide : on parle d’une divulgation de la preuve volumineuse », a dit jeudi le procureur de la Couronne, MPierre-Alexandre Bernard, lors de la comparution de Grenon à Québec.

Le procureur n’a pas voulu en dire davantage sur cette preuve qui a permis d’arrêter le suspect après deux décennies. Mais dans le cadre d’une émission de télévision en 2016, un porte-parole de la SQ avait indiqué : « L’ADN trouvé en avril à Jonquière et en juillet à Sainte-Foy est le même. Donc, on est devant un seul et unique meurtrier dans ce dossier. »

Marc-André Grenon avait par ailleurs volé plusieurs objets à ses deux victimes, dont des bijoux. Les policiers avaient, au fil des ans, dévoilé au public plusieurs informations à ce sujet, dans l’espoir de pincer le meurtrier, s’il avait tenté de les vendre, par exemple.

Son arrestation a causé une onde de choc partout au Québec, mais en premier lieu, dans la famille de Guylaine Potvin. « C’est un grand soulagement pour nous, pour toute la famille. Nous n’avons jamais désespéré que les enquêteurs finiraient par trouver la personne qui a fait du mal à Guylaine », a confié sa mère, Jeannine Caouette, dans une entrevue au Quotidien mercredi.

Toute personne qui détiendrait une information pertinente en lien avec l’accusé ou ses agissements peut communiquer en tout temps avec la Centrale de l’information criminelle de la Sûreté du Québec, en composant le 1 800-659-4264. Un traitement confidentiel pourra vous être assuré.

Avec Gabriel Béland et Vincent Larin