Tony Accurso est sous la protection de la loi sur la faillite depuis juin. Il propose de payer 2 millions dans le cadre d’un règlement plus vaste incluant ses anciennes entreprises. Principal actif à son bilan : une collection de vins de 1 million de dollars.

Au total, les gouvernements, la Ville de Montréal et la Ville de Laval, réclament 107 millions de dollars à l’ancien magnat de la construction et à son ancienne entreprise Simard-Beaudry Construction inc.

C’est ce qu’indiquent les documents du Bureau du surintendant des faillites sur la procédure, passée inaperçue l’été dernier.

La proposition d’Accurso en vertu de la loi sur la faillite est loin d’offrir le portrait complet de la situation, dit Jean Gagnon, le syndic responsable du dossier chez Raymond Chabot. « Elle ne peut pas être regardée en vase clos, dit-il. C’est présenté dans un plan global qui comprend des règlements pour ses compagnies également. »

Jean Gagnon est aussi contrôleur dans les procédures concernant Simard-Beaudry et Constructions Louisbourg ltée, les entreprises de construction d’Accurso, qui ont engrangé des centaines de millions en contrats publics au fil des ans.

Louisbourg a fait faillite et Simard-Beaudry s’est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.

« Il y aura plusieurs autres dizaines de millions qui viendront du règlement de Simard-Beaudry », explique Jean Gagnon.

Le syndic dit être en négociations pour terminer le plan d’arrangement de l’entreprise. Le but est de terminer les démarches en même temps pour Simard-Beaudry et les actifs personnels d’Accurso.

Quatre ans de prison

L’entrepreneur déchu a été condamné à quatre ans de prison pour son rôle dans un vaste système de corruption à Laval. Il est en appel de cette décision en Cour suprême et un juge a autorisé sa libération, estimant qu’il n’est pas un danger pour la société.

Au fil des ans, Québec, Ottawa, la Ville de Montréal et la Ville de Laval ont aussi intenté des poursuites pour récupérer des sommes qui auraient été détournées par la corruption et la fraude fiscale.

Selon les documents du syndic, les actions de ses entreprises de construction ne valent plus rien. Ses immeubles, deux maisons de Deux-Montagnes d’une valeur totale de près de 8 millions, sont déjà grevés d’hypothèques en faveur des villes de Montréal et de Laval.

Accurso offre tout de même 2 millions à ses créanciers. Dans la colonne des actifs figurent l’article « Vins », pour 1 million de dollars, et 395 000 $ en « Biens meubles et objets de collection ».

Menaces contre la famille

Les menaces contre Accurso et ses proches se succèdent depuis l’été.

Dans la nuit de lundi à mardi, la maison de sa fille à Deux-Montagnes a été complètement incendiée.

En juillet, un véhicule faisait déjà l’objet d’un incendie criminel devant le domicile de son fils, dans la même municipalité. Juste à côté en août, une maison à proximité de celle d’Accurso a ensuite été la cible de coups de feu. L’entrepreneur controversé avait alors joint La Presse pour assurer qu’il n’avait rien à avoir avec ces actes. Mais deux jours plus tard, d’autres coups de feu avaient atteint la maison de son fils.