Un ancien chef de gang a été arrêté dimanche relativement aux coups de feu tirés à Estérel, dans les Laurentides, vendredi dernier, avant d’être finalement relâché. La Sûreté du Québec (SQ) étudie maintenant l’hypothèse selon laquelle la victime dans cette histoire se serait elle-même blessée avec sa propre arme de poing.

Selon des informations obtenues par La Presse, Valeriy Tarasenko, un homme d’affaires qui a fait l’objet de plaintes pour fraude et qui aurait été associé à une jeune femme d’origine russe qui a infiltré l’entourage de l’ex-président des États-Unis Donald Trump, l’an dernier, est celui qui aurait convoqué vendredi dernier dans le stationnement de l’hôtel l’Estérel Resort l’homme arrêté en fin de semaine.

Ce dernier, Richard Goodridge, 53 ans, présumé président d’un groupe de motards « inclusifs » et ancien chef de gang, était autrefois associé au caïd Ducarme Joseph.

Une dispute entre les deux hommes aurait alors éclaté au cours de laquelle Tarasenko aurait sorti son arme. Une balle aurait alors été tirée et l’aurait blessé.

Valeriy Tarasenko a été retrouvé sur place, blessé par balle, selon nos sources. Il a été opéré à la hanche après son admission à l’hôpital et on ne craignait alors pas pour sa vie.

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Goodridge a été appréhendé par les enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ) et les membres du Groupe tactique d’intervention (GTI) dans la nuit de samedi à dimanche dans sa résidence du secteur Chomedey, à Laval.

À la suite de son interrogatoire par les policiers, un dossier a été soumis au Directeur des poursuites criminelles et pénales, a fait savoir la SQ, dimanche soir.

« L’analyse de la version de l’homme n’a pas permis de porter des accusations pour le moment », a-t-on ensuite précisé en ajoutant qu’il a été libéré avec une promesse de comparaître à une date ultérieure.

Si Goodridge était soupçonné d’avoir pris part à une tentative de meurtre sur Valeriy Tarasenko, il ne sera finalement pas accusé, a priori.

La SQ est toujours à la recherche d’autres suspects dans cette affaire.

Rappelons que plusieurs personnes, y compris le père adoptif de son ex-femme, ont accusé par le passé Tarasenko de les avoir escroqués. Certains l’auraient été par le biais d’une obscure œuvre de charité qui prétendait amasser des fonds en lien avec les grandes causes humanitaires de l’heure, comme le passage d’un ouragan en Haïti ou l’effondrement d’un pont en Italie.

Fiché depuis longtemps

Richard Goodridge avait quant à lui fait les manchettes l’an dernier alors que La Presse a révélé qu’il était le chef d’un nouveau groupe de motards, les Moors, qui se voulait plus inclusif. On ignore si ce groupe existe toujours.

Durant les années 1990, Goodridge aurait fait partie des Scorpions, une clique qui gravitait dans l’entourage des Rockers, un club-école des Hells Angels aujourd’hui disparu.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Richard Goodridge, en 2014

Selon certaines informations, il aurait été proche de Dany Kane, membre des Rockers devenu taupe pour la police dans l’enquête Printemps 2001 qui a mené au démantèlement de ce club-école et des Hells Angels Nomad.

En 1999, Goodridge avait été observé comme garde du corps dans un cortège dans lequel se trouvait le chef guerrier des Hells Angels, Maurice Boucher, mort il y a quelques semaines.

Au milieu des années 2000, Goodridge a fondé, avec le défunt caïd Ducarme Joseph, le gang de rue 67 à Montréal. Les deux hommes se sont ensuite brouillés, devenant des ennemis jurés. Après le départ de Joseph en 2005, les 67 sont devenus les Loyalties, dirigés par Goodridge.

Même s’il est bien connu des policiers, Richard Goodridge a peu d’antécédents judiciaires.

Il a été intercepté à bord d’une voiture dans laquelle il y avait une arme, à Toronto, en 2004.

Au Québec, il a été reconnu coupable de deux accusations de possession d’arme et de vol de carte de crédit. Il a été acquitté ou a bénéficié d’un arrêt de procédures dans plusieurs autres dossiers.

En 2014, un commissaire de l’immigration a ordonné l’expulsion de Goodridge vers son pays d’origine, le Guyana, pour grande criminalité, mais ce dernier est revenu au pays deux ans plus tard, vraisemblablement parce qu’il a contesté son expulsion et obtenu sa citoyenneté, une information que n’ont toutefois jamais confirmée les autorités.

Pour joindre Daniel Renaud en toute confidentialité, composez le (514) 285-7000, poste 4918, ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.