Un adolescent de Laval coupable d’avoir tué son ancien meilleur ami de 15 ans dans une bagarre a été condamné lundi à la peine maximale de trois ans, dont la majeure partie sera purgée sous garde, et ce, malgré son risque de récidive « faible », selon plusieurs experts.

« Le chemin pour Théo* est encore long, cela ne veut pas dire qu’il est inaccessible. […]. Cette période apparaît nécessaire pour terminer le travail de réadaptation, mais surtout de réinsertion sociale », a conclu lundi après-midi la juge Catherine Perreault au palais de justice de Laval. Notons que la Couronne avait renoncé à réclamer une peine pour adulte.

Maintenant adulte, Théo avait seulement 16 ans lorsqu’il a causé la mort de Max*, le 1er janvier 2020, pendant une bagarre au parc Marc-Aurèle-Fortin à Laval. Quelques jours avant le drame, les deux garçons et le frère de Max étaient pourtant des amis inséparables qui passaient des heures à jouer à des jeux vidéo.

Les « trois mousquetaires » se sont toutefois brouillés pour des « trivialités » en discutant sur les réseaux sociaux. Les frères et Théo se sont alors mis à s’échanger des messages « menaçants » et « violents ». Cette escalade de tensions s’est conclue par une bagarre dans un parc.

Les deux frères attendaient Théo avec trois amis en retrait, dont deux se sont joints plus tard à la bagarre. Ce sont d’ailleurs les frères qui ont frappé Théo en premier, faisant tomber l’accusé d’une à trois fois. Cependant, la juge a rejeté la défense de légitime défense de Théo puisque le garçon s’est présenté avec deux couteaux dissimulés. Les autres jeunes n’étaient pas armés.

La juge Perreault a ainsi reconnu coupable Théo d’homicide involontaire en mars dernier, mais l’a acquitté du chef plus grave de meurtre au premier degré. Selon la juge, Théo a porté les coups alors qu’il « croyait subjectivement que la force avait été employée contre lui ». Son intention se limitait à se « battre pour se venger » de torts insignifiants, et non à tuer son ancien meilleur ami, avait conclu la juge.

Encore aujourd’hui, la mort de Max a de profondes conséquences pour sa famille. Son frère qui a participé à la bagarre s’est dit « anéanti » par la mort de son frère, alors que sa mère est « brisée à vie » par la mort de son fils, un garçon « gentil et doux ».

La poursuite réclamait une peine de détention sous garde de trois ans, dont à peine trois mois en liberté sous conditions, alors que la défense suggérait une peine de 27 mois, dont 18 mois en liberté sous conditions. Il s’agit dans les deux cas de peines « significatives », selon la juge.

La juge Catherine Perreault a finalement imposé une peine de 36 mois, dont 26 mois sous garde en milieu fermé, sans tenir compte de la période de détention provisoire. Pourtant, les nombreux rapports d’experts sont essentiellement positifs et concluent à un faible risque de récidive. Un psychiatre soutient que Théo n’a pas de « profil de délinquance », alors qu’un collègue ajoute que l’accusé ne s’identifie pas aux « pairs criminalisés ».

« Il est décrit par tous comme un jeune homme poli, investi, capable de comprendre les règles établies et qui essaient de les suivre. […] Il s’implique dans les groupes et les ateliers. Son attitude semble positive », indique la juge, en résumant les rapports.

Or, selon la juge, les rapports ont des « limites » puisque Théo s’est présenté sous son meilleur jour devant les experts. Elle reprend ainsi les conclusions de la déléguée jeunesse, seule intervenante à conclure à un risque « modéré » de récidive. Celle-ci s’inquiète du « peu de progrès » depuis son arrivée à Cité-des-Prairies.

Également, la juge souligne la « déresponsabilisation » de Théo à l’égard de son rôle dans le conflit et son absence d’amorce de réflexion. Pourtant, selon un psychologue, Théo exprime des remords et de l’empathie et s’attribue une « importante » part de responsabilité dans l’affaire, même s’il évoque toujours la légitime défense.

MMarie-Ève Vautier et MMarie-Ève Dubeau ont représenté le ministère public dans ce dossier, alors que MGuy Poupart et MSarah Tricoche ont défendu l’accusé.

*Noms fictifs