Condamné à six années de pénitencier pour gangstérisme et trafic de stupéfiants il y a quatre ans, le Hells Angels de la section South, Stéphane Maheu, obtient sa libération d’office, après avoir purgé les deux tiers de sa peine.

Maheu, 51 ans, avait été arrêté et accusé dans la foulée d’une enquête baptisée Objection par laquelle l’Escouade nationale de répression du Crime organisé (ENRCO), chapeautée par la Sûreté du Québec, a démantelé en 2018 des réseaux de trafic de stupéfiants reliés aux Hells Angels.

Maheu était considéré comme l’une des têtes dirigeantes de l’un de ces réseaux.

L’un des membres de ces réseaux avait agi comme agent civil d’infiltration (ACI) pour la police durant l’enquête.

Lors de l’enquête préliminaire d’un autre Hells Angels arrêté dans Objection, l’ACI avait raconté avoir été confronté par Maheu, qui le soupçonnait de travailler pour la police.

Il avait expliqué avoir eu peur de mourir et que le motard avait même vérifié avec un appareil s’il portait un micro sur lui.

Les fleurs et le pot

Un commissaire des libérations conditionnelles souligne dans sa décision de six pages publiée jeudi que l’incarcération de Maheu s’est déroulée « sans anicroche majeure », que le motard a complété avec succès des programmes en établissement, qu’il a maintenu un régime équilibré qui comprenait le travail et les études, qu’il a agi de façon à éviter les situations à risque, qu’il planifie de reprendre un emploi — et possiblement d’obtenir une certification professionnelle — et que la responsabilisation « dont il prend charge pour les conséquentes de ses délits, bien qu’imparfaites, sont de bons augures ».

Son agent de libération note toutefois que si la collaboration de Maheu a été adéquate, elle est jugée « utilitaire ».

« Le fait que vous mainteniez toujours des relations avec les individus actifs au sein d’une organisation criminelle et étant bien au courant des multiples activités illicites dans lesquelles elle est engagée remet en question les acquis recensés à votre dossier », ajoute le commissaire, qui impose à Maheu des conditions qu’il devra respecter jusqu’à la fin de sa peine.

Ainsi, le motard ne pourra rencontrer ou communiquer avec toute personne impliquée dans des activités criminelles ou faisant partie d’une organisation criminelle, devra respecter un couvre-feu entre 21 h et 6 h, devra divulguer toutes ses transactions financières, devra chercher ou conserver un emploi, et ne pourra pas fréquenter les débits de boisson, sauf la SAQ.

Stéphane Maheu ne pourra également posséder plus d’un téléphone cellulaire et une carte SIM, et devra, sur demande, fournir à ses surveillants les registres de ses appels entrants et sortants, tous ses texto, ses photos, vidéos, courriels et données de navigation sur les réseaux sociaux, et ne pourra supprimer aucune information contenue dans son appareil.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.