Un homme s’approche d’un quidam endormi sur un banc de parc et se met à le frapper au visage avec un tesson de bouteille. Un bon Samaritain intervient auprès du forcené qui le mord sévèrement au bras. Une attaque gratuite d’une extrême violence survenue il y a quatre ans devant des témoins horrifiés au parc de la Paix, à Montréal.

« Pourquoi sommes-nous ici aujourd’hui ? Nous sommes ici parce que Alexis Barnabé-Paradis a tenté de causer la mort de Jimmy St-Armand en lui infligeant plusieurs coups, entre autres au niveau du visage et de la poitrine, alors qu’il tenait un morceau de tesson de bouteille de bière », a affirmé au jury la procureure de la Couronne, MClaudine Charest, dans son exposé d’ouverture mardi au palais de justice de Montréal.

Alexis Barnabé-Paradis, un homme de 42 ans, est accusé de tentative de meurtre et de voies de fait. Selon la théorie de la Poursuite, il a agressé « gratuitement » Jimmy St-Armand le 17 juin 2018, alors que celui-ci dormait sur un banc de parc. Blessée et désorientée, la victime a tenté de fuir, mais l’accusé a poursuivi l’attaque alors que le pauvre homme était adossé sur un véhicule, avance la Couronne.

Un homme assis tout près dans le parc, Jean-François Morin, est témoin de la scène. Pour aider la victime, le bon Samaritain agrippe l’accusé, mais ce dernier le mord « sévèrement » au bras, le forçant à lâcher prise. Alexis Barnabé-Paradis en profite pour prendre la fuite, laissant Jimmy St-Armand « agonisant », selon MCharest.

« La victime était dans une mare de sang, avec un pouls très faible. Il avait plusieurs lacérations importantes. Il se réveillera intubé, 72 h plus tard, après plusieurs opérations chirurgicales », a relaté la procureure de la Couronne.

Sur le chandail de Jean-François Morin, les traces de la morsure étaient encore bien apparentes après les faits. « Ce chandail est central dans cette affaire », a insisté MCharest. En effet, l’ADN d’Alexis Barnabé-Paradis sera découvert sur le chandail du bon Samaritain. Celui-ci témoignera dans les prochains jours.

Deux passants ont été témoin de l’agression. Une femme qui marchait sur la rue Saint-Dominique a vu l’accusé en train de frapper l’homme avec ce qu’elle croit être un morceau de verre. Un autre témoin, assis dans son véhicule, n’était qu’à quelques centimètres de l’attaque. « Ça se déroule sous ses yeux », a raconté MCharest.

La procureure a enjoint les membres du jury à garder « l’esprit ouvert » pendant le procès. En effet, le procès sera une « incursion » dans un univers « peut-être inconnu » pour les jurés, celui de l’itinérance et de la dépendance à la drogue. La victime, par exemple, souffrait depuis des années d’un problème de consommation de cocaïne au moment des évènements.

« Certains témoins n’ont peu ou pas de points communs avec les gens que vous pouvez côtoyer dans la vie de tous les jours. Il est possible que vous n’ayez jamais fait face à ce mode de vie », a affirmé MCharest.

Le procès est présidé par le juge Alexandre Boucher de la Cour supérieure du Québec. MCatherine Daniel Houle défend l’accusé.