Trois jours, quatre noyades : à l’orée des vacances de la construction, le Québec dresse un triste bilan des pertes de vie dans les lacs, rivières et piscines de la province, pendant que les sauveteurs s’activent.

Soleil, chaleur, début des vacances : tous les ingrédients étaient réunis cette fin de semaine pour que les Québécois cherchent à se rafraîchir dans l’eau. Mais pour quatre familles, le plaisir s’est transformé en deuil.

D’abord, vendredi, un drame a secoué le Super Aqua Club de Pointe-Calumet, dans les Laurentides, où une adolescente de 14 ans a été retrouvée dans un petit lac artificiel après une glissade. Malgré des manœuvres de réanimation cardiaque par l’équipe de sauveteurs, son décès a été constaté dans un hôpital montréalais en fin de soirée.

La jeune fille était accompagnée de deux sœurs adultes, qui ont averti les secours quand elles l’ont perdue de vue. « Nous sommes de tout cœur avec la famille et les ami.es de la victime », a indiqué le Super Aqua Club sur sa page Facebook. L’établissement a fermé ses portes pour le reste de la fin de semaine.

Le même soir, un homme de 28 ans s’est noyé dans un lac privé situé sur le chemin du 6e Rang, à Sainte-Lucie-des-Laurentides. Originaire de Rimouski, il n’était pas un bon nageur et ne portait pas de veste de flottaison, selon les personnes qui se trouvaient avec lui ce soir-là.

Et la fin de semaine ne faisait que commencer. Samedi, le mercure a encore grimpé dans une bonne partie de la province. En fin d’après-midi, à la plage du Sablon, en Montérégie, un homme de 43 ans s’est élancé au bout d’une corde dans un lac peu profond et n’est pas remonté. Il a été secouru, mais sans succès. Son décès a été confirmé dimanche.

À presque 300 kilomètres de là, en Mauricie, un nageur de 49 ans qui tentait de traverser la rivière Batiscan a été perdu de vue à la hauteur de Notre-Dame-de-Montauban. Son corps a été repêché par les services d’urgence dimanche.

De plus en plus de sauvetages

Jusqu’à présent, 36 personnes ont perdu la vie dans un plan d’eau depuis le début de la saison estivale, selon Raynald Hawkins, directeur de la Société de sauvetage du Québec. L’année passée à pareille date, on déplorait 46 noyades.

S’il y a certes eu moins de noyades en 2022 qu’en 2021, les sauveteurs de la Société de sauvetage rapportent que de plus en plus de personnes ne sont pas capables de se débrouiller dans l’eau, explique M. Hawkins.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Raynald Hawkins, directeur de la Société de sauvetage du Québec

À Sainte-Lucie, les témoins semblent dire [que la victime] ne savait pas nager. La fillette à Pointe-Calumet aussi. Même chose à Saint-Polycarpe.

Raynald Hawkins, directeur de la Société de sauvetage du Québec

Résultat : les sauveteurs font plus de sauvetages, souligne M. Hawkins, « et pas seulement chez les enfants, mais aussi chez les adultes ».

Savoir se baigner

Selon les statistiques de la Société de sauvetage, 33 % des gens sont considérés comme des non-nageurs. Mais il y a aussi une différence entre savoir nager et savoir se baigner, estime M. Hawkins.

Je ne dis pas : ‟vous ne savez pas nager, n’allez pas vous baigner”. Mais si vous allez dans les parties profondes, portez une veste de flottaison.

Raynald Hawkins, directeur de la Société de sauvetage du Québec

Plusieurs noyades semblent se produire chez de nouveaux arrivants, remarque aussi M. Hawkins. De plus, les enfants ont eu moins accès aux cours de natation dans les dernières années en raison de la pandémie.

En ce sens, le directeur met beaucoup d’espoir dans le programme Nager pour survivre, offert par la Société de sauvetage aux enfants de 8 ans et plus des écoles du Québec. Le programme vise à évaluer les habiletés dans l’eau de chaque enfant et à leur enseigner les habiletés de base pour survivre à une chute en eau profonde.

« En passant par le système scolaire, on va rejoindre toute la population, espère M. Hawkins. Et étant donné que je vous dis que les gens savent de moins en moins nager, on va beaucoup travailler pour qu’ils aient des cours de natation le plus rapidement possible. »

La prévention en quelques lignes

  • Ne pas s’aventurer dans l’eau en solo, car une noyade sur deux a lieu quand les gens sont seuls.
  • Porter une veste de flottaison dans les embarcations chavirables. Ça pourrait éviter 20 noyades par année au Québec, affirme M. Hawkins.
  • Avoir un « surveillant désigné » pour regarder les enfants se baigner. ​​ « Quand on a des fêtes d’enfants, par exemple, on entend souvent que tout le monde surveillait, mais en réalité, personne ne surveillait », souligne M. Hawkins.
  • Considérer qu’un verre d’alcool sur l’eau équivaut à trois sur la terre ferme, en raison de la déshydratation et du tangage. Se rappeler que l’alcool affecte le discernement.
En savoir plus
  • 81
    Nombre de morts par noyade en 2021 au Québec
    Source : Société de sauvetage du Québec
  • 95
    Nombre de morts par noyade en 2020 au Québec
    Source : Société de sauvetage du Québec