Un ex-joueur de football de l’Université Concordia a été reconnu coupable d’avoir forcé une femme à se prostituer pendant cinq ans entre Montréal et Toronto. Le costaud André Bryan Rose n’hésitait pas à frapper la victime, à la menacer de mort, voire à lui ordonner de s’agenouiller devant lui pour la mettre au pas.

« Je vais te tuer… Je vais venir à Montréal et te tuer », a lancé le Torontois de 31 ans à la victime en février 2018. La jeune Québécoise venait alors de fuir son bourreau dans la Ville Reine pour se réfugier à Montréal. Ç’a été la fin de cinq longues années sous le charme et le joug d’André Bryan Rose, ex-joueur de football universitaire devenu proxénète.

André Bryan Rose était furieux mardi au palais de justice de Montréal, lorsque la juge Josée Bélanger l’a reconnu coupable d’accusation de traite de personnes, de proxénétisme, de voies de fait et de menaces de mort dans une décision exhaustive de 75 pages.

« I was pissed off ! », a-t-il lancé à la juge, alors que celle-ci était sur le point de lancer un mandat d’arrêt, parce que l’accusé refusait de retourner en salle d’audience. La juge Bélanger a rejeté sur toute la ligne la version d’André Bryan Rose en soulignant ses réponses « invraisemblables », son témoignage « en évolution » et ses nombreuses contradictions.

Même si le témoignage de la victime n’était « pas parfait », la juge Bélanger a cru sa version. Des mesures exceptionnelles d’accommodement ont été mises en place pour permettre à la victime de mener à terme son éprouvant contre-interrogatoire de trois jours. Ainsi, la victime a entre autres pu témoigner aux côtés de Sundae, un chien d’assistance, et avoir accès à une balle à stress. La défense a bien tenté d’attaquer la crédibilité de la victime pour cette raison, mais la juge Bélanger a rejeté ces « stéréotypes ».

« [Ton] corps sera retrouvé dans un lac »

Le Torontois rencontre la victime dans un bar à l’été 2010. À l’époque, il étudie à l’Université Concordia, parce qu’il a obtenu une bourse pour se joindre à l’équipe de football. La victime, elle, sort de l’adolescence et parle à peine anglais. Elle soutiendra avoir eu une relation sexuelle non consentante avec l’accusé. Deux ans plus tard, la victime revoit par hasard André Bryan Rose à Toronto et tombe sous son charme.

C’est toutefois en 2013 que la victime offre pour la première fois ses services sexuels dans un spa pour plaire à André Bryan Rose. Elle ne s’était jamais prostituée dans le passé.

Sa première expérience lui a répugné, mais le proxénète a néanmoins insisté pour qu’elle arrête ses études et se consacre au travail du sexe. Pendant des mois, elle a ainsi pratiqué des massages « érotiques » dans un spa.

Dans les années suivantes, le proxénète raffermit son emprise sur la jeune femme, exerçant ainsi un « contrôle total » sur ses gains et son emploi du temps. Il ne lui permet ainsi jamais de prendre congé. André Bryan Rose use alors de menaces et de pressions psychologiques pour maintenir la victime dans le travail du sexe, a conclu la juge.

Par exemple, alors que la victime lui dit ne plus vouloir travailler, André Bryan Rose réplique en mimant le fait de poignarder quelqu’un. Le proxénète dit également avoir accès à des armes à feu. Notons que la victime a également travaillé au bénéfice d’un autre proxénète en 2015.

Le proxénète à l’imposant physique use de violence physique à quelques occasions. L’ancien joueur de football empoigne la victime par la tête pendant quelques secondes, au point qu’elle n’arrive plus à respirer. « Retourne travailler », ordonne-t-il alors. En 2017, André Bryan Rose plaque la jeune femme contre le mur et lui ordonne de s’agenouiller devant lui pour lui prouver qu’elle est vraiment dévouée (ten toes down).

André Bryan Rose garde à son cou la clé du coffre-fort où il conserve les gains de la victime. Une fois, il la menace que si jamais il ne trouve plus sa clé, son « corps serait retrouvé dans un lac ». Au procès, la victime a témoigné que cette menace lui avait « glacé le sang ».

Le dossier reviendra en cour en septembre prochain en vue de l’imposition de la peine. MJean-Philippe Mackay a représenté le ministère public, alors que MTom Pentefountas a défendu l’accusé.