(Québec) Le tueur au sabre du Vieux-Québec a été condamné vendredi à la prison à vie sans possibilité de libération avant 25 ans par le juge Richard Grenier pour ses « crimes absolument atroces ». Son avocat a immédiatement déposé une demande pour en appeler du verdict.

Juste avant que la peine soit prononcée, des victimes et des proches ont témoigné. L’une d’entre elles n’a pas hésité à confronter le tueur, l’accusant d’avoir joué la comédie tout au long du procès.

« Vous êtes dans mon dos, M. Girouard. Je ne peux pas vous voir », a commencé Marie-Claude Veilleux, qui a perdu sa belle-sœur Suzanne Clermont, 61 ans, lors de l’attaque au katana du 31 octobre 2020.

« Mais j’espère que vous ne faites pas comme vous avez fait tout au long du procès. J’espère que vous ne vous mettez pas les doigts dans les oreilles en vous balançant pour simuler un trouble quelconque. Je vous demande de m’écouter. »

« Vous avez charcuté ma belle-sœur. Vous lui avez tranché le cerveau », a continué la femme dans un témoignage émotif. « Alexandre Bissonnette, lui, a choisi d’assumer ses responsabilités et j’attends toujours l’expression de l’ombre de remords de votre part. »

La mère de François Duchesne, 56 ans, a quant à elle envoyé un témoignage écrit, qui a été lu en pleine salle d’audience

« J’ai 83 ans et les années qui me restent sont gâchées par la perte de mon fils. Il n’y a rien de pire que la mort d’un enfant », a écrit Renée Rioux.

Le juge « d’accord avec le jury »

Le juge Grenier a dénoncé « les crimes absolument atroces », de l’homme de 26 ans. « Vous avez pris la vie de deux personnes et détruit la vie d’une multitude de personnes. »

« Je suis tout à fait d’accord avec le verdict du jury. Je ne crois pas que vous rencontriez les critères de l’article 16 [sur la non-responsabilité criminelle]. Je crois néanmoins que vous souffrez de troubles mentaux », a déclaré le magistrat.

Le juge Grenier a indiqué que selon lui, la tuerie aurait pu être évitée si le tueur avait été pris en charge plus rapidement par un psychiatre.

Carl Girouard pourra demander une libération au plus tôt le 31 octobre 2045. Mais le juge Grenier a rappelé qu’une libération « n’est pas un automatisme » après 25 ans. Il a aussi recommandé que le tueur reçoive un suivi en santé mentale en prison.

La peine du tueur n’était pas sujette à débat, puisque récemment, la Cour suprême a déclaré inconstitutionnel le cumul des périodes d’inéligibilité pour les meurtriers de masse. Girouard, auteur de deux meurtres, aurait dans l’ancien régime été passible de la prison à vie sans possibilité de libération avant 50 ans.

Demande d’appel déposée

Mais ce n’est peut-être pas le point final de cette sordide histoire, puisque l’avocat du tueur a déposé vendredi un avis d’appel au palais de justice de Québec.

MPierre Gagnon estime que « des erreurs de droit » ont été commises par le juge de première instance. Il fait valoir qu’un expert de la poursuite, le psychiatre Sylvain Faucher, aurait émis des « opinions personnelles qui étaient non fondées sur son expertise ».

Or, selon la défense, le juge n’a pas instruit les jurés de ne pas les prendre en compte. Il a aussi empêché MGagnon de contre-interroger l’expert sur des blâmes passés de la Cour d’appel à propos d’incidents similaires.

Il reproche finalement au juge Grenier de ne pas avoir instruit le jury de ne pas tirer « d’inférence de culpabilité » du silence de Carl Girouard durant son interrogatoire.

Il faudra maintenant voir si la Cour d’appel sera réceptive à ces arguments.

Carl Girouard a été reconnu coupable de deux meurtres au premier degré et de cinq tentatives de meurtre le 20 mai dernier. À l’issue de cinq jours de délibérations, le jury avait donc trouvé l’homme coupable sur toute la ligne.

Les 11 jurés n’avaient pas cru la thèse de la défense, selon laquelle le jeune homme était en délire au moment d’attaquer avec un katana sept passants innocents le 31 octobre 2020 dans le Vieux-Québec.