Un employé à l’entretien ménager du CHSLD Laurendeau, dans le nord de Montréal, est accusé d’avoir agressé sexuellement pendant des mois une résidente vulnérable. Abdelhamid Nader aurait fait endurer d’odieux sévices sexuels à sa victime, alitée et portant une couche, allant jusqu’à la menacer de mort en l’étranglant.

Le Montréalais de 40 ans doit comparaître ce vendredi au palais de justice de Montréal pour faire face à trois chefs d’accusation déposés le mois dernier par sommation : agression sexuelle, avoir proféré des menaces et avoir infligé des lésions corporelles en étouffant ou en étranglant. Il ne travaille plus au CHSLD depuis le 17 mars dernier.

Fellations avec éjaculation, attouchements intrusifs, menaces de mort : les gestes reprochés à Abdelhamid Nader sont d’une grande violence.

« Abdel se couche sur [la plaignante] et il lui dit : “Je t’aime, t’es belle !” Il met sa main sur sa bouche, puis sur sa gorge. Elle voudrait crier, mais elle n’y arrive pas. Elle lui dit d’arrêter, mais il n’arrête pas. Abdel touche ses seins par-dessus sa jaquette : le geste ne dure pas longtemps. Abdel met sa main dans sa couche en passant par le côté et il touche son vagin. »

Ce récit de la première agression alléguée est tiré d’une dénonciation signée par une sergente-détective du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) en mars 2022 afin d’obtenir une ordonnance de communication de preuve. Dans le document judiciaire, autorisé par une juge de paix magistrate, la policière résume la déposition de la plaignante, dont nous taisons le nom. Ces allégations n’ont toutefois pas été soumises à l’épreuve des faits.

Lors de ce premier évènement, qui serait survenu en août 2021, la plaignante raconte s’être couchée en chemise d’hôpital dans son lit après le souper. L’accusé est alors entré dans la chambre derrière elle, puis a fermé la porte. La femme a sommé l’employé de la lâcher, mais a senti qu’elle ne pouvait pas « faire plus pour qu’il arrête », lit-on dans le document judiciaire.

Après avoir « tripotté » la plaignante, Abdelhamid Nader l’a prise par la gorge avec ses deux mains et lui a lancé : « Bouge pas, parce que je vais te tuer ! », relate la sergente-détective Lucie Bélisle dans sa dénonciation. L’employé du CHSLD aurait alors forcé la patiente à lui faire une fellation.

[La patiente] sent qu’elle n’a pas le choix, elle a peur de mourir.

Lucie Bélisle, sergente-détective du SPVM, dans une dénonciation signée

La plaignante a confié aux policiers que les agressions se produisaient environ une fois par semaine, toujours le jeudi. La dernière agression serait survenue après Noël 2021, alors qu’elle était couchée dans son lit. Après avoir fermé la porte en entrant dans la chambre, Abdelhamid Nader aurait agressé sexuellement la femme en lui touchant les parties intimes et en lui imposant une fellation, écrit la sergente-détective.

Autres avances de l’employé

C’est la cheffe d’unité du CHSLD Laurendeau qui a alerté les policiers en février dernier, selon le document judiciaire. La plaignante s’était confiée à une autre employée de l’entretien ménager, qui a rapporté la situation à un gestionnaire de l’établissement. Abdelhamid Nader a été suspendu le jour même de l’appel au 911, selon la dénonciation policière.

L’accusé aurait également fait des avances à deux collègues de travail de manière « insistante », ce qui les aurait rendues « mal à l’aise », selon le rapport d’un policier résumé dans le document. L’accusé aurait aussi fait des avances à une autre patiente du CHSLD, sans toutefois faire de geste sexuel, indique-t-on.

Abdelhamid Nader était un employé du CHSLD Laurendeau, a confirmé son employeur à La Presse. Il ne travaillait donc pas pour une agence de placement, comme c’est souvent le cas dans le milieu de la santé.

« Les dossiers de nos employés sont confidentiels, et nous ne sommes pas en mesure de les commenter. M. Nader n’est plus à notre emploi depuis le 17 mars 2022 », a indiqué Émilie Jacob, porte-parole du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Nord-de-l’Île-de-Montréal.

Le CHSLD Laurendeau a été particulièrement touché par la première vague de COVID-19 au printemps 2020. Plus de 80 résidants de l’établissement ont succombé au coronavirus dans les deux premiers mois de la pandémie.

Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse