Forcée de se prostituer, rouée de coups, agressée sexuellement : une femme a confié aux policiers avoir vécu un calvaire pendant deux ans aux mains d’un proxénète. Or, au procès, la plaignante a juré avoir inventé toute l’affaire pour se venger de Jeff Monestime, qui a ainsi été acquitté sur toute la ligne mercredi.

« Cette dénégation générale du propos accusateur a été portée par la plaignante avec assurance et aplomb », a conclu le juge Pierre Dupras mercredi après-midi au palais de justice de Montréal. Incapable de distinguer le vrai du faux entre la plainte initiale et le témoignage de la plaignante au procès, le juge a fait bénéficier l’accusé du doute raisonnable et l’a acquitté de tous les chefs. Il était détenu depuis août 2021.

Les accusations portées contre Jeff Monestime (aussi connu comme Jeff Monestine) étaient très graves : traite de personnes, proxénétisme, agression sexuelle avec étranglement et voies de fait.

Mais une fois au procès, la femme a affirmé sous serment avoir menti sur toute la ligne aux policiers. Devant ce revirement, la Couronne a utilisé en preuve la déclaration sous serment de la plaignante pour tenter d’établir la culpabilité du Montréalais de 38 ans, défendu par MMarie-Hélène Giroux.

Dans sa plainte initiale, la plaignante a confié que Jeff Monestime lui avait demandé de coucher avec des clients dans un salon de massage en décembre 2018. Quand l’accusé est sorti de prison, en février 2019, la femme s’était réfugiée dans une maison d’hébergement pour victimes de violence, mais était finalement retournée auprès de lui.

À ce moment, Jeff Monestime prenait non seulement tous les gains de la prostitution de la plaignante, mais aussi sa PCU et ses allocations familiales, a-t-elle raconté aux policiers.

« Elle n’avait plus rien et devait lui demander tout. Puis, il faut la briser pour la rebâtir, disait-il, et il lui fallait la battre pour qu’elle comprenne. Il lui donnait des coups, des claques, et l’étranglait parfois lors de délires spirituels. Il l’a aussi menacée de la faire tuer en République dominicaine ou encore de lui faire une injection d’acide de batterie », a dit le juge, en résumant la plainte de la plaignante.

La femme a aussi soutenu avoir été étranglée, frappée et sodomisée par Jeff Monestime après avoir refusé des relations sexuelles. Une fois, il lui a fait la « prise du sommeil » et lui a cogné la tête au sol au point de faire une commotion cérébrale, a-t-elle confié.

Au procès, la plaignante a témoigné avoir profité du fait que Jeff Monestime avait déjà fait l’objet d’accusation de proxénétisme pour inventer toute cette histoire. Mais après quelques semaines, elle a voulu retirer sa plainte.

« Finalement, ce sont les conséquences et le temps en prison qui la motivent à venir dire qu’elle a menti sur [sa déclaration]. Elle ne pensait pas que ça donnerait tout ça, elle voulait se venger de lui », a expliqué le juge.

MMarie-Josée Thériault a représenté le ministère public.