Le nombre d’homicides a « augmenté de façon importante » en 2021, confirmant une flambée des évènements violents

L’impression qu’une flambée de violence frappe Montréal se confirme. La métropole a enregistré une forte hausse des crimes contre la personne l’an dernier, et de plus en plus d’armes à feu y étaient impliquées.

C’est ce que révèle le rapport annuel du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui sera présenté mercredi aux élus responsables de la sécurité publique à la Ville de Montréal.

Bien qu’il s’agisse d’un phénomène qui est remarqué partout au pays, et ce, depuis plusieurs années, Montréal n’échappe pas à la tendance. Pas moins de 25 129 crimes contre la personne y ont été perpétrés l’an dernier, soit 17,3 % de plus par rapport à la moyenne des cinq années précédentes et un record depuis 10 ans.

Les homicides et les tentatives de meurtre ont augmenté de façon importante et la problématique de la violence armée contribue très certainement à ce portrait.

Extrait du rapport annuel 2021 du SPVM

« Bien que les chiffres révèlent que [Montréal] est parmi les villes les plus sécuritaires, cela ne peut empêcher notre fort sentiment d’indignation collectif devant cette violence et le décès d’innocentes victimes », note d’ailleurs dans le rapport l’ancien directeur du SPVM Sylvain Caron, poste maintenant occupé de façon intérimaire par Sophie Roy.

Plus d’armes à feu

Le rapport annuel de la police de Montréal confirme l’impression de beaucoup que les épisodes de coup de feu sont de plus en plus fréquents dans la métropole. En effet, la moitié des homicides et des tentatives de meurtre commis sur le territoire du SPVM en 2021 impliquait la présence ou l’utilisation d’une arme à feu, une problématique « au centre [de ses] préoccupations ».

Qui plus est, le nombre d’évènements où une arme à feu a été déchargée a plus que doublé en 2021 par rapport à l’année précédente, passant de 71 à 144. Le SPVM estime que ce phénomène pourrait s’expliquer en partie par une augmentation marquée de 30 % du nombre d’appels de citoyens sur la même période.

« Au-delà d’une augmentation réelle des incidents de ce type, on peut penser que la population est également plus encline à communiquer avec le SPVM lorsqu’elle entend des coups de feu, grâce au travail de rapprochement que poursuivent les équipes du SPVM sur le terrain », peut-on lire dans le rapport.

Le rôle des réseaux sociaux

Les réseaux sociaux jouent un rôle de plus en plus important dans les enquêtes en matière d’armes à feu. En 2021, le SPVM note une augmentation de 68 % des dossiers de ce type traités par son Module cyberenquête.

C’est que les réseaux sociaux sont devenus une nouvelle plateforme d’échanges entre criminels où la tension peut monter, estime le professeur d’histoire au cégep de Trois-Rivières et spécialiste de la question des armes à feu Francis Langlois. « Les insultes et les défis y prennent de l’ampleur de façon plus radicale. Dans les réseaux sociaux, le langage n’est pas limité. »

Hausse des agressions sexuelles

Dans la foulée du drapeau rouge levé par le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) de Montréal, qui avait affirmé la semaine dernière avoir constaté une explosion du nombre de demandes d’aide pour des cas d’agression sexuelle, ce phénomène prend bel et bien de l’ampleur, confirme le SPVM.

Ainsi, le nombre de dossiers pour ces cas a bondi de 32,2 % l’an dernier par rapport à la période 2016-2020, souligne le corps policier. Le SPVM y voit une conséquence « indiscutable » de la pandémie de COVID-19 et insiste sur « l’urgence d’agir ».

« La médiatisation de cas portés devant les tribunaux, le dépôt de rapports de commissions, dont Rebâtir la confiance, et une plus grande sensibilisation générale de la population ont certainement contribué à une augmentation des dénonciations auprès de la police », ajoute le SPVM.

Les vols de véhicules explosent

Au moment où les crimes contre la personne grimpent, ceux contre la propriété enregistrent une tendance à la baisse ou sont relativement stables, à une exception. Les vols de véhicules ont explosé l’an dernier dans la métropole, une situation qui préoccupe les corps policiers du Québec et du Canada, précise le SPVM.

Pourtant, les vols de véhicules à moteur avaient atteint un plateau après une baisse marquée depuis le début de la décennie.

Les avancées technologiques, le raffinement des outils utilisés ainsi que la rareté des véhicules et des pièces en raison de la pandémie expliquent, en partie, cette hausse importante.

Extrait du rapport annuel 2021 du SPVM

Le recours aux gaz irritants augmente

Le SPVM a fait usage de gaz irritants à 191 reprises l’an dernier, soit presque 4 fois plus souvent qu’en 2020 lorsque cet outil avait été employé à seulement 56 reprises.

Le corps policier se défend toutefois en rappelant la tenue de nombreux rassemblements liés « à des manifestations, à divers évènements internationaux, aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley et à la fête nationale du Québec » à Montréal en 2021. À eux seuls, ces évènements auraient été le contexte de 80 % de l’utilisation du gaz irritant dans la métropole.

La mairesse réagit

Appelé à réagir, le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, affirme que le rapport 2021 du SPVM démontre que le corps policier « a su s’adapter à la complexité des enjeux qui ont été exacerbés par la pandémie ».

« La hausse des crimes contre la personne commis par armes à feu est malheureusement un phénomène qu’on observe partout en Amérique du Nord. C’est pourquoi notre administration a martelé l’importance de bannir les armes à feu sur le territoire canadien, en plus d’avoir implanté, avec le SPVM, plusieurs initiatives pour enrayer le phénomène et assurer la sécurité dans les quartiers de Montréal », indique l’attachée de presse de la mairesse, Catherine Cadotte.

Cette dernière souligne par ailleurs la saisie de 628 armes l’an dernier, « et plusieurs enquêtes ayant débuté à ce moment-là ont été résolues ou seront potentiellement résolues cette année ».

Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse

En savoir plus
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    Nombre d’homicides enregistrés à Montréal l’an dernier (dont 15 seulement dans le secteur est de la ville), en hausse de 39,5 % par rapport à la moyenne des années 2016 à 2020.
    SOURCE : Service de police de la ville de Montréal
    139
    Nombre de tentatives de meurtre enregistrées à Montréal l’an dernier, en hausse de 27,1 % par rapport à la moyenne des années 2016 à 2020.
    SOURCE : Service de police de la ville de Montréal