Haine envers les femmes L’accusé fait faux bond à son procès

Un adorateur de Marc Lépine accusé d’avoir fomenté la haine contre les femmes la veille des commémorations de la tuerie de la Polytechnique en 2019 n’a pas daigné se présenter à la sélection du jury de son procès cette semaine, préférant visiter trois banques. Jean-Claude Rochefort a ainsi perdu son droit d’être jugé par un jury, selon la Couronne.

Deux ans et demi après sa mise en accusation, l’homme de 73 ans devait finalement subir son procès au palais de justice de Montréal. Pas moins de 236 candidats jurés s’étaient ainsi présentés lundi pour la sélection du jury. Or, Jean-Claude Rochefort a plutôt déambulé toute la matinée à Montréal pour retirer 6000 $ à la banque. Son procès prévu pour quatre semaines doit maintenant être reporté.

Le ministère public soutient qu’en faisant faux bond à la sélection du jury, Jean-Claude Rochefort a de facto renoncé à être jugé par ses pairs. Son choix de visiter des banques au lieu de se présenter en cour était tout à fait « intentionnel », a insisté jeudi matin la procureure de la Couronne M^e Roxane Laporte.

« Il a pris une dizaine de choix qui l’éloignaient du palais de justice. Il n’a pas subi d’évènements inattendus. Il n’a aucune excuse. […] C’est un individu intelligent qui comprend très bien le système de justice. […] Ç’a eu des impacts majeurs. Toutes les personnes sont reparties avec un amer goût quant à l’administration de la justice », a-t-elle plaidé.

De plus, Jean-Claude Rochefort a « monopolisé » du personnel de cour, des ressources très précieuses en ce moment. « Des causes ne fonctionnent pas par manque de greffiers », a illustré M^e Laporte.

Dans un témoignage un peu confus, Jean-Claude Rochefort a expliqué au juge Pierre Labrie s’être présenté lundi matin à la Caisse populaire pour régler des comptes. « Je vais faire ça vite, ça ne paraîtra pas », a-t-il déclaré.

Au moment de prendre un taxi pour aller au palais de justice, l’accusé affirme avoir réalisé ne plus avoir d’argent dans son portefeuille. C’est pourquoi il a décidé de se rendre à une banque, située dans un autre secteur de la ville. « J’ai paniqué », a-t-il témoigné.

Pourquoi n’a-t-il pas retiré des fonds à la Caisse ? lui a demandé le juge. « Ce n’est pas dans mes habitudes. La seule banque où je me souviens de mon NIP, c’est la Royale », s’est-il justifié. À la banque, Jean-Claude Rochefort a retiré 3000 $. Mais ce n’était pas assez à son goût, puisqu’il l’a l’habitude de retirer des fonds pour vivre trois mois. Il se rend alors dans une troisième institution bancaire pour retirer un autre montant.

« Ça ne m’a pas passé à l’esprit, j’étais tellement focusé sur la banque. Je ne pensais pas arriver si tard que ça », a-t-il expliqué. Il a été arrêté au palais de justice vers 12 h 15, avant d’être relâché.

Jean-Claude Rochefort était « en mode panique » lundi matin, selon son avocat. « Ses habitudes sont son refuge sécurisant. On n’est clairement pas dans une situation où il y avait un irrespect pour la Cour, une volonté de saboter », a plaidé M^e Rodolphe Bourgeois.

« C’est quelque chose de psychologique, qui dépasse peut-être l’entendement pour une personne normale. Il y tient à son jury », a insisté l’avocat de la défense.

Le juge rendra sa décision vendredi matin.