Nouvelle onde de choc dans le milieu scolaire. Un enseignant de l’école primaire Adélard-Desrosiers, dans l’arrondissement de Montréal-Nord, a été formellement accusé lundi d’agression sexuelle sur une fillette de 11 ans. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) recherche actuellement d’autres victimes potentielles.

Selon les documents judiciaires déposés lundi au palais de justice, Dominic Blanchette aurait agressé sexuellement la jeune victime entre le 24 décembre et le 27 mai derniers. L’homme de 27 ans est également accusé de possession de pornographie juvénile, de partage de matériel sexuellement explicite et d’incitation à des contacts sexuels.

« Je pense que tout le monde doit être en état de choc en ce moment », a déclaré à La Presse MAnnabelle Sheppard, procureure de la Couronne.

M. Blanchette a été arrêté dimanche soir et a comparu lundi après-midi au palais de justice de Montréal, où les conditions de sa mise en liberté ont été établies. « On a demandé des conditions très strictes et donc monsieur ne pourra pas être en présence de mineurs, travailler ou faire du bénévolat avec des mineurs », a indiqué MSheppard.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Dominic Blanchette aurait agressé sexuellement la jeune victime entre le 24 décembre et le 27 mai derniers.

L’accusé ne pourra pas non plus se trouver dans un parc public, une garderie, un terrain d’école, un terrain de jeu ou un centre communautaire. « Il ne pourra pas retourner au travail », a précisé MSheppard. On lui interdit également d’utiliser l’internet à des fins récréatives.

Le centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSSPI) a dit quant à lui prendre « la situation très au sérieux ». « Cette personne a été suspendue dès que nous avons été informés », a indiqué la directrice des services corporatifs, communications et secrétariat général du CSSPI, Valérie Biron.

Dans l’intervalle, une équipe de professionnels, dont plusieurs psychologues, a été mobilisée et est prête à soutenir nos élèves et membres du personnel.

Valérie Biron, directrice des services corporatifs, communications et secrétariat général du CSSPI

Les parents et les membres du personnel ont été informés de la situation, a insisté la porte-parole.

Victimes potentielles recherchées

Au SPVM, la porte-parole Caroline Labelle confirme que le corps policier a procédé à l’arrestation de M. Blanchette la fin de semaine dernière. « Je peux vous confirmer que de notre côté, on recherche d’autres victimes potentielles », indique-t-elle aussi.

Les autorités invitent d’ailleurs toute personne qui aurait des informations pertinentes en lien avec ce dossier ou qui voudrait porter plainte contre l’accusé à contacter le centre anonyme et confidentiel d’Info-Crime Montréal en composant 514 393-1133 ou en remplissant un formulaire de signalement en ligne. Un suivi peut également être assuré auprès de son poste de quartier local.

Pendant ce temps, les procédures judiciaires entamées contre Blanchette suivront leur cours. « Le dossier a été remis le 8 juillet prochain », a brièvement indiqué par courriel la porte-parole du DPCP, MPatricia Johnson. À ce moment, une audience en prévision du procès sera tenue.

De son côté, le centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île dit collaborer « pleinement » avec les différents intervenants de l’enquête policière en cours.

Sur Facebook, M. Blanchette s’est souvent prononcé publiquement sur son travail d’enseignant, militant notamment pour un « meilleur système d’éducation » et « pour que le travail des enseignants soit reconnu à sa juste valeur ».

Une élève bien dans sa classe c’est une élève qui apprend beaucoup mieux. Comme dirait une source profonde d’inspiration pour moi : relation, relation et relation.

Dominic Blanchette sur ses réseaux sociaux, en décembre 2021

​​Le tout survient quelques mois après que trois entraîneurs de basketball de l’école secondaire Saint-Laurent ont également été accusés de crimes sexuels. Très connu dans le monde du sport scolaire, Daniel Lacasse, responsable du programme de basketball de Saint-Laurent, a été accusé d’exploitation sexuelle. Les deux autres entraîneurs, Robert Luu et Charles-Xavier Boislard, font face à des accusations de contact sexuel, d’incitation à des contacts sexuels et d’agression sexuelle. M. Boislard a également été accusé d’exploitation sexuelle.

Une coalition d’organismes avait peu après réclamé l’adoption « rapide et urgente » d’un projet de loi pour « prévenir et combattre » les violences sexuelles en milieu scolaire. Une telle loi existe déjà dans les cégeps et les universités, mais n’est pas encore implantée au primaire et au secondaire.

Avec la collaboration de Louis-Samuel Perron et Katia Gagnon, La Presse