La famille de Pacifique Niyokwizera poursuit le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) pour 180 000 $. Le jeune homme avait été gravement blessé lors d’une altercation avec la police survenue près du bar Dagobert l’automne dernier.

L’opération policière jugée brutale s’était déroulée dans la nuit du 26 au 27 novembre dernier près du bar Dagobert, dans le Vieux-Québec.

À la fermeture de l’établissement, une dispute avait éclaté. La sécurité avait demandé aux clients de quitter les lieux.

Les policiers sur place avaient alors demandé aux groupes de jeunes de s’éloigner du bar une fois à l’extérieur.

« Certains se sont fâchés, ont demandé aux policiers d’expliquer pourquoi c’était mal de rester dans la rue », avait affirmé la victime à La Presse.

Le ton est monté.

L’homme de 18 ans se serait fait asperger de gaz poivre par un des agents.

Indigné, il aurait sorti son téléphone pour filmer ses interactions avec les policiers.

Un des agents lui aurait demandé de s’approcher « pour discuter », avant de le frapper à coups de matraque, indique le document de la poursuite déposée vendredi par MFernando Belton, qui représente la famille.

Pacifique Niyokwizera aurait reçu plusieurs coups au visage et aux côtes. Selon son témoignage, un des policiers lui aurait suggéré de « faire ce genre de trucs à Montréal et d’y retourner ».

Quand M. Niyokwizera répond qu’il vit à Québec, un des policiers rétorque : « C’est ça », soutient-il.

« Il a vécu l’humiliation et l’indignation en étant victime de profilage racial et en se faisant traiter publiquement comme un dangereux criminel », soutient la poursuite.

Quand les policiers l’ont relâché après un bref moment dans la voiture de patrouille, il se serait retrouvé seul dans le froid, sans manteau ni téléphone cellulaire. À l’hôpital, on lui diagnostique une commotion cérébrale.

« Je n’avais pas mon cellulaire et j’avais perdu mes cartes au moment où ils m’ont plaqué au sol. Je ne savais pas comment retourner chez moi. »

La vidéo de l’altercation était devenue virale sur les réseaux sociaux. Le maire de Québec, Bruno Marchand, s’était dit « troublé » par la séquence filmée.

Pacifique Niyokwizera a par ailleurs été arrêté des mois plus tard en lien avec des accusations d’agression sexuelle et de contact sexuel sur une mineure, a révélé Le Journal de Montréal en avril dernier.

Demandes de la famille

Pour les proches du jeune Pacifique Niyokwizera, l’opération policière de novembre dernier a eu de lourdes répercussions, en plus de raviver d’effroyables souvenirs.

La mère et les deux sœurs de la victime réclament chacune 10 000 $ à la Ville de Québec en lien avec les dommages psychologiques subis après l’intervention.

Pascaline Ndagijimana, mère du jeune homme, s’est établie au Québec en 2013 après s’être réfugiée au Rwanda, en Ouganda et au Congo.

« Voir son fils se faire rouer de coups par les policiers l’a ramenée à ses propres souvenirs de la guerre au Rwanda qu’elle a fuie et où elle a aussi été battue par des soldats », peut-on lire dans le document judiciaire.

Le commissaire à la déontologie policière du Québec et le Service de police de la Ville de Québec avaient chacun ouvert une enquête dans la foulée de cette intervention policière. Peu après la médiatisation de l’affaire, cinq agents du SPVQ avaient été suspendus. Quatre d’entre eux ont été réintégrés depuis. Le cinquième policier demeure affecté à des tâches administratives.

« À la veille du sombre anniversaire des deux ans de la mort de George Floyd, il y a lieu de se demander pourquoi au Québec on continue de voir les personnes racisées subir ce genre de traitement par la police, ce qui constitue du profilage racial », a dit MBelton.