Une découverte macabre a mené à une autre révélation inquiétante, sur la Côte-Nord, dans les derniers jours. La Sûreté du Québec enquête sur une mystérieuse affaire à Port-Cartier, où un jeune homme a été arrêté puis accusé en lien avec des bombes artisanales qui auraient été trouvées dans un logement où se trouvait le cadavre de sa mère, apparemment morte d’une surdose.

Yoan Derosby, âgé de 20 ans, a comparu mardi matin au palais de justice de Sept-Îles. D’après un document judiciaire, il est accusé d’avoir « eu en sa possession des munitions et des substances explosives, pendant que cela lui était interdit par une ordonnance », aux alentours du 15 mai dernier.

Selon nos informations, obtenues de source policière, le jeune homme vivait avec sa mère, qui aurait été toxicomane. Elle serait morte d’une surdose dans les derniers jours, mais l’autopsie qui sera pratiquée doit encore confirmer les causes de son décès. Derosby, lui, n’aurait toutefois averti personne de la situation, vivant avec le cadavre de sa mère pendant un certain temps. Des proches de la famille ont toutefois démenti cette dernière information mercredi, affirmant plutôt à des médias locaux que le jeune homme se trouvait chez un ami pendant ces trois jours, et qu’il n’aurait donc pas vécu avec le cadavre de sa mère.

Chose certaine : la situation a ultimement été signalée à la police. Toujours d’après nos sources, les patrouilleurs de la Sûreté du Québec ont constaté une fois sur les lieux qu’il ne semblait pas s’agir d’un crime à proprement parler.

Une fois sur place, ils auraient découvert dans la résidence des bombes artisanales qui étaient « prêtes à exploser ». N’ayant pu les désamorcer sur les lieux, les policiers ont même dû les faire sauter dans un champ, en toute sécurité. À ce jour, on ignore dans quel but précis les bombes avaient été acquises, mais les enquêteurs auraient eu des raisons de craindre un évènement violent.

Dans le collimateur de la SQ

Cette découverte est d’autant plus préoccupante que la Sûreté du Québec avait Yoan Derosby dans son collimateur depuis déjà deux ans.

Le corps policier provincial s’est en effet tourné vers les tribunaux à deux reprises, depuis 2020, pour empêcher le jeune homme d’avoir des armes à feu. L’accusé s’est d’ailleurs fait interdire toute possession d’armes, de munitions et d’explosifs pendant au moins 18 mois en vertu d’un article du Code criminel, montre une recherche au plumitif effectuée par La Presse.

Derosby doit être de retour devant la Cour vendredi prochain, a confirmé la porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales, MAudrey Roy-Cloutier. « D’autres chefs d’accusation pourraient alors être déposés », a indiqué une source policière au fait du dossier qui n’est pas autorisée à en parler publiquement.

Lors de sa comparution, mardi, durant laquelle il n’était pas représenté par un avocat, le jeune homme a été « envoyé en évaluation » psychiatrique, afin de déterminer s’il est apte à être jugé, ce qui inclut l’aptitude à comparaître, a quant à lui confirmé le Service de greffe du palais de justice de Sept-Îles.

Un historique

Pour l’instant, l’accusé demeure détenu en attente de la suite du processus, en vertu d’une objection à la remise en liberté formulée par la Couronne.

Connu des policiers, Yoan Derosby est le jeune homme qui avait tenu les policiers en haleine pendant plusieurs heures, en avril 2021, alors qu’il était en situation de crise, à Port-Cartier. Le secteur des rues Jean-Talon, Verchères et Champlain avait alors été complètement fermé, pour laisser les policiers travailler. C’est peu après cet évènement, d’ailleurs, que les autorités auraient demandé à la Cour de lui interdire l’accès à des armes ou à des explosifs.

L’affaire n’est par ailleurs pas sans rappeler celle d’un homme de 21 ans, Dimitri Xenos, qui a été arrêté puis accusé en août dernier pour avoir menacé de commettre une tuerie dans une école de Port-Cartier. Xenos a plaidé coupable à ces accusations au mois d’octobre dernier. Il aurait eu l’intention de « tirer du monde » avec des armes semi-automatiques.

À l’époque, La Presse avait rapporté que la Sûreté du Québec avait interrogé plusieurs employés du Pub St-Bernard, où Dimitri Xenos travaillait comme plongeur. L’un des témoins qu’a interrogés la police l’aurait entendu dire « cinq à dix fois » qu’il souhaitait décharger ses armes à l’école.

Avec Daniel Renaud et Louis-Samuel Perron, La Presse